Emmanuel Macron est-il de droite ? L'idée fait son chemin dans les deux camps. Le Parti socialiste "ne polémique pas avec un ministre d'ouverture", a raillé mardi le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Les dernières déclarations du ministre de l'Economie, qui a notamment confié ce week-end qu'être élu est un métier "d'ancien temps", agacent de plus en plus. Même Manuel Valls commence à prendre ses distances avec son ministre.
"Un ministre d'ouverture". "C'est un ministre d'ouverture et le Parti socialiste ne polémique pas avec un ministre d'ouverture. Ce qu'il dit ne nous engage pas et ce que nous pensons ne l'engage pas. On en restera là", a ainsi taclé le patron du PS lors d'une conférence de presse. Pour rappel, l'expression "ministre d'ouverture" désigne un ministre d'un camp opposé à celui de la majorité du gouvernement. Il désignait, par exemple, l'ancien socialiste Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2010. En l’occurrence, Jean-Christophe Cambadélis considère, en qualifiant ainsi Emmanuel Macron, que ce dernier n'est pas de gauche.
Macron est-il de droite ? Il faut dire que le dit "ministre d'ouverture" prend un malin plaisir à remettre en cause "sans tabou" (une expression qu'il chérit, d'ailleurs) les dispositions jusque là surprotégées par "son" camp. Emmanuel Macron, qui s'est donc illustré par ses récents doutes émis à l'encontre des 35h, du statut des fonctionnaires, de la place de l'Etat dans l'économie ou encore de la fonction d'élus de terrain ("ce cursus d'ancien temps"), a même reçu des appels du pieds venant d'un porte-parole du parti Les Républicains et même de Nicolas Sarkozy. Comme le souligne Le Lab, même François Hollande fait des blagues présentant Emmanuel Macron comme un ministre "de droite".
Si Emmanuel Macron méprise à ce point les fondamentaux de la gauche et les élus il peut tout à fait rejoindre le monde feutré de la banque.
— Pascal Cherki (@pascalcherki) 28 Septembre 2015
Pourtant, s'il se revendique "libéral", Emmanuel Macron l'assure : il est de gauche. Il n'a simplement pas la même version de la gauche que tout le monde. "Le libéralisme est une valeur de gauche", estime-t-il ainsi selon des propos rapportés par Le Monde. "J'assume qu'il y ait un libéralisme, le libéralisme est une valeur de gauche", a-t-il insisté lors d'un débat organisé par le journal, prônant "un libéralisme économique et politique".
Même Valls commence à s'irriter. Il n’empêche, à gauche, de moins en moins de monde soutient le "ministre d'ouverture". Jean-Christophe Cambadélis, Martine Aubry... De plus en plus de personnalités n'hésitent plus à le critiquer en public. Jusque-là, Emmanuel Macron avait toujours reçu le soutien de François Hollande et surtout de Manuel Valls qui, tout en recadrant son ministre, lui a récemment fait part de "son soutien jusqu'au bout". Mais même ce "soutien jusqu’au bout" semble s'étioler peu à peu. Car la dernière sortie du ministre, pour qui la fonction d'élu "est un cursus honorum d'ancien temps" non nécessaire pour accéder aux plus hautes fonctions de l'Etat, est mal passée à Matignon.
"Ce que je sais, c'est que l'expérience d'élu de terrain est irremplaçable. Et nous le voyons ici, qu'ils soient de gauche ou de droite. Parce qu'ils sont confrontés aux mêmes difficultés, aux mêmes problèmes, aux mêmes engagements", a réagi le Premier ministre lors d'un déplacement lundi, selon des propos rapportés par le JDD. Avant d'enfoncer le clou: "Moi j'ai été maire pendant 11 ans, c'est la plus belle des fonctions".