Le "roi" Pelé s'est éteint ce jeudi à l'âge de 82 ans. Au Brésil, comme dans le monde entier, l'émotion prédomine après le décès de cette légende brésilienne du football, au parcours exceptionnel, qui a notamment permis à son pays de remporter trois Coupes du monde.
Une tristesse commune que Stéphane Rozès, politologue et essayiste, co-auteur de "Chaos. Essai sur les imaginaires des peuples", explique par le fait que "Pelé était universel. Il avait une manière de faire, un talent incroyable, qui faisait que le geste footballistique, dans sa grande qualité, pouvait être reconnu par tous", a-t-il souligné au micro de Lionel Gougelot.
"Il a marqué les nouvelles générations"
Un talent reconnu dans le monde entier, mais également au fil des générations. "Le talent de Pelé dans le collectif du Brésil représente une époque. Ses mots pour Kylian Mbappé montrent qu'il pouvait aussi apparaître comme un passeur. Il a fait beaucoup d'innovations footballistiques et a marqué les nouvelles générations", explique Stéphane Rozès.
Pour le maître de conférence à Science-Po, l'émotion et l'hommage mondial après le décès de Pelé s'expliquent aussi par "le besoin des peuples de se retrouver dans des figures qui rassemblent". Selon lui, si "le football est un sport collectif où le talent individuel est mis au service du collectif, le collectif lui-même fonctionne s'il est indexé sur les façons d'être et de faire des peuples. On ne joue pas au football de la même façon au Brésil, en Argentine ou en Europe".
Pelé semble avoir finalement marqué "l'imaginaire des peuples". "Au fond, la mondialisation est une mosaïque de peuples depuis toujours. Chacun a sa façon d'être et de faire. Et chaque société se pose la même question : 'Comment face au réel, on s'assemble ? Et comment on articule la diversité ou les contradictions sociales avec le fait de s'assembler ?'".
Pelé, comme d'autres personnalités, semblait donc rassembler les individus du monde entier autour d'une passion commune : le football. "Le sujet, c'est le rapport aux autres et la circulation du ballon, c'est le rapport aux autres", conclut Stéphane Rozès.