Gouvernement Bayrou : «derniers réglages» en cours, mais l'annonce de la composition reportée
Arthur de Laborde
Après une première semaine à Matignon chargée en polémiques, la nomination du gouvernement de François Bayrou "avance" et son annonce est imminente. Mais alors que François Bayrou semblait finaliser les "derniers réglages", la composition de son équipe ne sera pas connu ce dimanche.
Des ministres LR et François Rebsamen pour la gauche : la composition du gouvernement de François Bayrou "avance" et son annonce est imminente, après une première semaine à Matignon chargée en polémiques. Nommé le 13 décembre à l'issue d'une journée rocambolesque, le patron du MoDem continue ce week-end à affiner son équipe, qu'il souhaite resserrée et la plus ouverte possible. Le Premier ministre a promis un gouvernement avant Noël.
Les principales informations à retenir :
- Trois points de blocage : le ministère des Affaires étrangères, Bercy et Xavier Bertrand
- François Bayrou n'annoncera pas la composition de son gouvernement ce dimanche
- Il s'est entretenu avec Emmanuel Macron a deux reprises, avant de le rencontrer à l'Élysée ce dimanche soir
- Laurent Wauquiez ne serait pas au gouvernement...
- ... contrairement à Bruno Retailleau
François Bayrou arrive à l'Élysée
Attendu à l'Élysée ce dimanche soir, François Bayrou avait finalement annoncé échanger avec Emmanuel Macron par téléphone. Les deux hommes s'étaient déjà appelés plus tôt dans la journée. Mais le Premier ministre s'est en fin de compte déplacé pour rencontrer Emmanuel Macron aux alentours de 20h40. Une réunion est en cours.
Trois points de blocage
"Ce ne sont pas des crispations politiques, mais ce sont de simples vérifications de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique qui sont en cours" a informé un proche de François Bayrou à Europe 1.
D'autres sources laissent penser qu'il y a des blocages politiques, notamment sur le ministère des Affaires étrangères. Il y a aussi une interrogation sur Bercy après le refus de Laurent Wauquiez. Autre point de blocage : l'incertitude sur le poste que pourrait occuper Xavier Bertrand. Le Rassemblement national menace de censurer le gouvernement si le Président du conseil régional des Hauts-de-France accède à une fonction de premier plan.
"Derniers réglages" en cours, mais l'annonce d'un nouveau gouvernement reportée
Le gouvernement de François Bayrou ne sera pas annoncé dimanche soir, a appris l'AFP auprès de l'entourage d'Emmanuel Macron, après de nouveaux entretiens entre le Premier ministre et le chef de l'État.
Malgré des signes de l'imminence d'une annonce, la composition du gouvernement ne devrait être connue que lundi ou mardi, après une journée d'intenses tractations et d'échanges entre le Premier ministre François Bayrou et le président Emmanuel Macron.
Macron va recevoir François Bayrou "en fin d'après-midi"
Le président Emmanuel Macron va recevoir le Premier ministre François Bayrou dimanche en fin d'après-midi à l'Élysée, signe supplémentaire de l'imminence de l'annonce d'un nouveau gouvernement, a-t-on appris dans l'entourage présidentiel.
François Bayrou a poursuivi pendant le week-end les consultations pour former son équipe et s'est déjà entretenu avec le chef de l'État à deux reprises au téléphone pendant la journée de dimanche.
Derniers réglages avant les nominations
Selon l'entourage de Matignon à Europe 1, François Bayrou et Emmanuel Macron se sont vus à deux reprises ce dimanche afin de discuter du prochain gouvernement. Le Premier ministre procède «aux derniers réglages».
Laurent Wauquiez ne serait pas au gouvernement...
Après avoir rencontré les partis et groupes parlementaires un par un, puis tous ensemble, le Premier ministre fait face à plusieurs obstacles pour se démarquer des choix opérés par son prédécesseur, Michel Barnier. Les Républicains ont tardé à donner leur blanc seing pour accepter de participer au gouvernement, alors même que François Bayrou a annoncé son intention de maintenir le très droitier ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau.
Mais samedi soir, après avoir échangé avec François Bayrou, le chef des députés LR Laurent Wauquiez a confirmé à ses troupes qu'il s'orientait vers une participation du parti au gouvernement, moyennant des engagements écrits du Premier ministre "avec des précisions sur la feuille de route".
... contrairement à Bruno Retailleau
Évoquant son "cas personnel", selon des participants à cette réunion, Laurent Wauquiez a déclaré : "La seule configuration possible pour moi, c'était Bercy (le ministère des Finances) avec une feuille de route claire, notamment pas d'augmentation d'impôts. Il n'y a pas cette feuille de route. Il (François Bayrou) m'a proposé autre chose, j'ai décliné".
"Rejoindre le gouvernement aujourd'hui est tout sauf confortable", a estimé l'autre homme fort de LR, Bruno Retailleau, dans le JDD. Mais "si la droite ne prend pas ses responsabilités, malgré les assurances reçues sur ses lignes rouges, alors François Bayrou n'aura d'autre choix que de se tourner vers la gauche", a-t-il estimé. C'est justement le flanc gauche qui reste le plus ardu à convaincre pour le chantre de la "co-responsabilité".
"Importantes concessions"
Jeudi, le chef du parti socialiste Olivier Faure est sorti déçu de Matignon, se disant "consterné de la pauvreté de ce qui (a été) proposé" et n'excluant pas de censurer le tout nouveau Premier ministre, allié de la première heure d'Emmanuel Macron.
Jean-Luc Mélenchon dont le mouvement refuse tout accord avec François Bayrou leur a emboîté le pas, jugeant que le quatrième Premier ministre de l'année "ne passera pas l'hiver" sans avoir été censuré par l'Assemblée nationale. Comme Michel Barnier le 4 décembre sur le projet de budget de la Sécurité sociale. Pour autant, l'ancien ministre socialiste François Rebsamen, 73 ans, a annoncé dans La Tribune dimanche être "prêt" à rejoindre le gouvernement, vantant sa "relation de confiance" de longue date avec François Bayrou.
Mais ce dernier doit faire des "concessions importantes" à la gauche, a prévenu samedi l'eurodéputé Place publique Raphaël Glucksmann, évoquant notamment les retraites. Le maire de Pau a accepté le principe d'ouvrir une réflexion pour revoir la réforme portant l'âge de la retraite à 64 ans, mais sans suspendre la réforme actuelle. Sans "négocier vraiment" avec la gauche, le Premier ministre exigerait de cette dernière une "reddition" plutôt que de créer les conditions d'un "compromis", a prévenu Raphaël Glucksmann.
Des Français inquiets
Dans l'attente, les Français se montrent, de leur côté, assez inquiets sur les prochains mois en politique. ""Je reste inquiet", confie un habitant du quartier de la Croix-Rousse à Lyon. "Ce sera très difficile pour Bayrou d'avoir une majorité qui tienne vraiment longtemps. Moi, je suis très pessimiste. Et dire que la situation économique n'est pas bonne. Il y a beaucoup de dépôts d'entreprises et on a plus d'argent", analyse-t-il.
Dans les rues de la capitale des gaules, il n'est pas le seul à partager ce sentiment. "Bayrou, je l'ai trouvé, mais pathétique, perdu, sans ligne de route. Alors, vous dire ce que j'attends, j'en sais rien du tout. Je suis désabusé", confie un touriste au micro d'Europe 1.
Une commerçante ne cache pas son pessimisme. "Je vois qu'il y a une certaine lassitude. On a tous cette impression d'être laissés de côté", confie-t-elle.