Un gouvernement "d'expérience" pour "réconcilier" les Français : les ministres du gouvernement de François Bayrou ont pris leurs fonctions mardi, à la veille de Noël, lors des passations de pouvoir.

 "Peu de personnes mesurent ce que sont réellement nos Outre-Mer"

"J’ai hâte de m’engager et de me rendre sur place. Peu de personnes mesurent ce que sont réellement nos Outre-Mer, c’est là que les cris sont les plus durs, que les relations sont les plus complexes", a déclaré Manuel Valls à l'occasion de la passation de pouvoir avec François-Noël Buffet. 

Le nouveau ministre dit "mesurer la tâche" qui lui est donnée. "Urgences et défis sont souvent les mots qu’on utilise pour évoquer les départements et les régions ultramarins", ajoute-t-il. 

"Mes premiers mots sont pour Mayotte", déclare Manuel Valls

Le nouveau ministre des Outre-mer, Manuel Valls, assure que "tout le gouvernement est engagé pour répondre à la détresse de celles et ceux qui ont subi la violence de ce cyclone". L'ancien Premier ministre affirme que Mayotte est aujourd'hui "notre priorité". 

Passation de pouvoir au ministère de la Justice, Gérald Darmain promet de "travailler main dans la main" avec le ministère de l'Intérieur

J'ai aimé ce ministère et je le quitte à regret. J'ai aimé défendre l'institution judiciaire auprès de nos concitoyens", a déclaré dans un premier temps Didier Migaud, avant de laisser la parole à son successeur, Gérald Darmanin. "Nous allons travailler main dans la main avec le ministère de l'Intérieur pour la sécurité et le respect des libertés de nos compatriotes", promet le nouveau garde des Sceaux. Il assure également "mesurer la responsabilité" qui lui est confiée. "Il était de mon devoir d'accepter cette mission si difficile". 

Elisabeth Borne appelle à "trouver la voie de la stabilité institutionnelle"

La nouvelle ministre de l'Éducation et ex-Première ministre Elisabeth Borne a appelé mardi à "trouver la voie de la stabilité institutionnelle" et insisté sur la "nécessité de faire émerger des alliances entre les forces politiques républicaines" pour justifier sa décision de rejoindre le gouvernement de François Bayrou.

"En me proposant de rejoindre le gouvernement en tant que ministre d'État, le président de la République et le Premier ministre ont souhaité faire de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche la priorité de l'action gouvernementale", a-t-elle ajouté lors de la passation de pouvoirs rue de Grenelle.

Passation de pouvoir en cours entre Anne Genetet et Elisabeth Borne

"Une nouvelle page s’ouvre", lance Elisabeth Borne qui concède toutefois ne pas être une "spécialiste" des questions éducatives. Un peu plus tôt, sa prédécesseure Anne Genetet s'est adressé aux enseignants, déclarant : "Vous exercez le plus beau métier, mais vous êtes bien trop souvent critiqués" et assurant que le ministère de l'Éducation nationale était aujourd'hui "en ordre de marche". 

Le nouveau ministre de la Santé se rendra à Mayotte "dans les jours qui viennent"

Le nouveau ministre de la Santé et de l'Accès aux Soins, Yannick Neuder, a annoncé mardi qu'il se rendrait "dans les jours qui viennent" à Mayotte, dont le territoire a été ravagé par le passage du cyclone Chido.

"Je me rendrai dans les jours qui viennent à Mayotte, pour la population, pour aussi rencontrer (...) les élus", a déclaré Yannick Neuder lors de la passation de pouvoirs avec Geneviève Darrieussecq au ministère, au côté de Catherine Vautrin. "C'est vraiment ma priorité absolue", a-t-il ajouté.

Deux anciens Premiers ministres

Les deux ex-Premiers ministres Elisabeth Borne, nommée à l'Education, et Manuel Valls, aux Outre-mer, seront particulièrement scrutés tout comme un autre revenant, Gérald Darmanin, qui occupera le portefeuille de la Justice.

Du côté de Bercy, le nouveau ministre de l'Economie Eric Lombard a pris ses fonctions dès lundi soir, en remplacement d'Antoine Armand. L'ancien directeur de la Caisse des dépôts et consignations, présenté par François Bayrou comme un homme de gauche, a immédiatement appelé à "traiter notre mal endémique, le déficit".

François Bayrou devant l’Himalaya du budget

Ce sera le premier défi de l'équipe Bayrou : faire passer un budget pour 2025 à l'Assemblée nationale, là même où le 4 décembre son prédécesseur Michel Barnier a été renversé par une motion de censure.

Le nouveau Premier ministre estime que la présence de poids lourds dans son équipe doit contribuer à l'en prémunir, faute d'avoir pu ouvrir davantage son gouvernement vers la gauche. 

François Bayrou prononcera sa déclaration de politique générale le 14 janvier

François Bayrou, qui prononcera sa déclaration de politique générale le 14 janvier, a indiqué lundi soir qu'il ne demanderait pas la confiance à l'Assemblée. "Dans la foulée de cette déclaration de politique générale, il y aura une sorte de vote de confiance parce qu'il y aura probablement une motion de censure", a fait valoir le Premier ministre, qui "respecte le fait que des forces politiques n'ont pas envie d'être assimilées contre leur gré à la politique du gouvernement".

La France insoumise (LFI) a d'ores et déjà annoncé son intention de déposer une motion de censure. Mais le Rassemblement national, groupe le plus nombreux à l'Assemblée, a fait savoir qu'il ne censurerait pas a priori le nouveau gouvernement.

Un gouvernement de "droite extrême" en forme de "provocation"

Les oppositions se sont montrées très sévères avec le nouveau gouvernement, accusant notamment le Premier ministre de recycler des personnalités qui avaient auparavant échoué.

Un gouvernement de "droite extrême" en forme de "provocation", a jugé le patron du Parti socialiste Olivier Faure. Une équipe "rempli(e) de gens désavoués dans les urnes et qui ont contribué à couler notre pays", a renchéri la cheffe des députés LFI Mathilde Panot.

"François Bayrou a réuni la coalition de l'échec"

Le Rassemblement national, lui, manie l'ironie : "heureusement que le ridicule ne tue pas" car "François Bayrou a réuni la coalition de l'échec", a jugé le président du parti d'extrême droite, Jordan Bardella.

Du côté des Républicains (LR), qui demeurent au gouvernement, Laurent Wauquiez a évoqué un soutien "très exigeant" à François Bayrou qui pourrait être "retiré" en fonction du cap affiché.

Un gouvernement quasiment paritaire

L'équipe gouvernementale compte 35 membres, est moins nombreuse que celle de Michel Barnier (42) mais moins resserrée qu'envisagé, et quasiment paritaire avec 18 femmes et 17 hommes. Et marquée par une certaine continuité avec 19 ministres qui sont conservés.

Le nouveau Premier ministre s'est dit "fier" d'un "collectif d'expérience pour réconcilier et renouer la confiance avec tous les Français", dix jours après son arrivée à Matignon et fort d'avoir respecté son objectif de composer un gouvernement avant Noël. Le premier Conseil des ministres de cette nouvelle équipe est programmé le 3 janvier autour du président Emmanuel Macron.