Atmosphère surréaliste pour ce premier tour des élections municipales, dimanche, où les enjeux politiques ont laissé la place aux questions sanitaires. En pleine épidémie de coronavirus, et alors que les autorités ont annoncé samedi soir des mesures de confinement, l'hypothèse de l'annulation du second tour a pris de l'ampleur lundi après-midi avant d'être confirmée par Emmanuel Macron lundi soir.
Les informations à retenir
- Le premier tour des élections municipales a été marqué par une forte abstention, en pleine épidémie de coronavirus
- Dans ce contexte, le gouvernement a décidé de repousser le second tour à la fin du mois de juin
- Macron a confirmé ce report lundi soir
Un second tour repoussé
Emmanuel Macron a annoncé lundi le report du second tour des élections municipales, prévu dimanche prochain, après avoir consulté les présidents des deux assemblées et ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande. "Le Premier ministre en a informé aujourd'hui même les chefs de parti représentés au Parlement", a-t-il poursuivi. "Cette décision a fait l'objet d'un accueil unanime", a affirmé le chef de l'Etat.
Le report d'une élection, comme annoncé lundi pour le second tour des municipales, est une décision extrêmement rare sous la Ve République et inédite entre deux tours. Cette décision a été prise seulement deux fois, et plusieurs années à l'avance.
Un premier tour très perturbé
En dépit des mesures spécifiques mises en place pour que tout se déroule pour le mieux, le premier tour des élections municipales n'a pu faire abstraction de l'épidémie de coronavirus qui frappe la France. L'abstention a atteint des records, avec moins d'un électeur sur deux se rendant aux urnes. Prévisible, alors que les autorités appelaient tous les Français à limiter leurs déplacements et se confiner chez eux.
Les résultats politiques ont donc été bien moins commentés que les questions sanitaires. On peut néanmoins retenir de ce premier tour une percée écologiste, des villes remportées dès le premier tour par le RN et ses alliés (Hénin-Beaumont, Fréjus et Bézier) un bon maintien des positions socialistes et ce qui s'annonce comme des défaites en série pour la majorité.
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Hidalgo bien parti à Paris, la gauche aussi en tête à Marseille
Les résultats de certaines villes emblématiques seront tout de même probablement commentés toute la journée. A Paris, Anne Hidalgo, maire socialiste sortante de Paris, est en tête dans la capitale avec 29,33 % des suffrages. Elle devance largement Rachida Dati, la candidate LR (22,72 %) et celle de la majorité, Agnès Buzyn (17,26%). "Un maire sortant à 29%, ce n'est pas énorme", a nuancé Rachida Dati lundi matin sur Europe 1.
Autre victoire socialiste à Lille, où Martine Aubry, repartie pour un quatrième mandat, est en tête du premier tour avec 29,8% des suffrages. Dans la série des maires sortants bien placés pour retrouver leur fauteuil, on trouve également Christian Estrosi, à Nice, largement en tête du premier tour avec 44,56% des voix.
À Marseille, où le départ de Jean-Claude Gaudin promettait une élection très ouverte, le premier tour s'achève sur un coude à coude entre la candidate LR Martine Vassal et sa rivale socialiste Michèle Rubirola, cette dernière parvenant toutefois à terminer première contre toute attente. A la tête d'une liste baptisée Printemps marseillais regroupant notamment le Parti socialiste, le Parti communiste et des mouvements citoyens, Michèle Rubirola a obtenu sur l'ensemble de la ville, où le vote est divisé par secteurs, 23,4% des suffrages contre 22,3% pour Martine Vassal, qui était soutenue par l'ancien maire.
Les écologistes parmi les grands gagnants
S'il est un parti qui peut légitimement se réjouir des résultats du premier tour, c'est bien Europe Ecologie-Les Verts. La formation dirigée par Julien Bayou arrive en tête dans quatre grandes villes (Grenoble, Lyon, Strasbourg et Besançon, et réalisent d'excellents scores dans d'autres, comme Bordeaux ou Toulouse.
"On a bon espoir de permettre aux habitants et aux habitantes de grandes villes de voir leur quotidien changer par la transition écologique", a réagi lundi sur Europe Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe d'EELV, qui se garde toutefois de tout triomphalisme. "Mais en même temps, comment se réjouir depuis hier soir de ces bons résultats quand la France est en pleine crise, quand des gens s’inquiètent ?"