EN DIRECT - Nouveau gouvernement : nous avons «été écoutés» par François Bayrou, assure Marine Le Pen
Le nouveau Premier ministre François Bayrou reçoit durant toute la journée de lundi les principales forces politiques de l'Assemblée nationale. Objectif : créer de nouvelles alliances avec la gauche, tout en consolidant celles existantes avec la droite. À ce titre, Marine Le Pen et Jordan Bardella étaient les premiers invités ce lundi. Suivez notre direct.
François Bayrou a commencé lundi à consulter les forces politiques en même temps qu'il compose son gouvernement, en quête d'un chemin étroit qui lui permettrait de faire passer, sans majorité, un budget, après le gel du précédent par la censure.
Le nouveau Premier ministre reçoit les groupes parlementaires de l'Assemblée nationale "par leur ordre d'importance" numérique dans cette chambre. À eux de décider de la composition de leur délégation, avec ou sans chef de parti.
Les informations à retenir :
- "Nous avons été écoutés", assure Marine Le Pen à la sortie de son entretien avec François Bayrou,
- Les dirigeants socialistes affirment que leur échange avec le Premier ministre n'a pas été "conclusif"
- Le nouveau Premier ministre rencontrera la totalité des forces politiques, à l'exception de la France insoumise qui a décliné son invitation
- En parallèle, François Bayrou continue de construire son futur gouvernement
- Roland Lescure plaide pour la nomination de ministres socialistes
Les socialistes sur leur "faim" après leur entretien à Matignon
Les dirigeants socialistes sont restés sur leur "faim" lors de leur entretien lundi midi avec le nouveau Premier ministre, François Bayrou, avec lequel ils ont "beaucoup parlé du pacte de non-censure" sans que cet échange ait été "conclusif".
"Nous sommes dans une opposition qui est elle-même ouverte aux compromis. Encore faut-il qu'un chemin soit ouvert. Et de ce point de vue, pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim. Nous n'avons pas encore d'indications précises sur la façon dont le Premier ministre entend gouverner", a affirmé le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, à l'issue de la rencontre.
Il était accompagné par les chefs de groupes Boris Vallaud pour l'Assemblée nationale et Patrick Kanner pour le Sénat. "Ce n'était pas conclusif", a-t-il ajouté, même si "nous avons beaucoup parlé de pacte de non-censure" proposé par la gauche, qui consisterait à ne pas censurer le gouvernement à condition que ce dernier n'utilise pas le 49.3 pour faire passer les textes sans vote.
"Si c'était pour avoir la même politique, avec un Premier ministre qui a été un compagnon de route historique du président de la République, les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous le censurerions de la même façon", a-t-il prévenu.
"Nous avons été écoutés", assure Marine Le Pen
La présidente du groupe des députés Rassemblement national, Marine Le Pen et celui du parti Jordan Bardella sont arrivés à 9 heures à l'hôtel Matignon. Une rencontre au cours de laquelle, l'ancienne candidate à la présidentielle a assuré "avoir été écoutée", sans pour autant assurer avoir été "entendue".
"Nous lui avons exprimé qu'elles étaient les souhaits de nos électeurs", poursuit-elle, avant de conclure que "la méthode est plus positive que ce que j'ai pu voir jusqu'à présent. J'espère maintenant qu'elle sera utile". La leader frontiste avait fustigé dimanche une "méprisable coalition des contraires" mais ne censurera pas "a priori". Les deux responsables du parti à la flamme avaient déploré ne pas avoir été reçus assez tôt par l'ancien Premier ministre Michel Barnier.
Marine Le Pen a aussi indiqué avoir "exprimé au Premier ministre les réserves" que le RN avait "sur un certain nombre de personnalités" susceptibles d'entrer au gouvernement. Elle a notamment évoqué avec lui le mode de scrutin à la proportionnelle revendiqué par le RN mais aussi le MoDem, parti de François Bayrou. "Je sais que le Premier ministre est attaché à la proportionnelle et il m'apparaît que c'est un chantier" à mettre en œuvre "juste après le budget", a-t-elle plaidé.
C'est "une priorité pour permettre que l'ensemble des Français puissent être représentés" et "peut-être (...) faire émerger une majorité", a-t-elle justifié.
Pas de rencontre avec La France insoumise
François Bayrou, qui a tenu à appeler personnellement chaque chef de groupe, s'est entretenu aussi avec Gabriel Attal, à la fois le chef de file des députés macronistes Ensemble pour la République (EPR), et président du parti Renaissance, qui est ressorti sans un mot, le visage fermé.
Suivront les chefs de groupe socialistes, Boris Vallaud pour l'Assemblée et Patrick Kanner pour le Sénat, avec le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui n'ont pas l'intention d'entrer au gouvernement mais se sont montrés prêts à discuter sur différents sujets, comme d'une "conférence sociale" sur les retraites ou de la taxation des hauts revenus, autant de propositions que soutient le MoDem, le parti de François Bayrou.
Le chef de file des députés Droite républicaine (DR) Laurent Wauquiez viendra seul. Son parti LR conditionne la participation de la droite au gouvernement au "projet" que leur présentera François Bayrou.
La France insoumise, qui a déjà promis la censure, a refusé de rencontrer François Bayrou lundi dans ce cadre, par "crainte" selon Jean-Luc Mélenchon "que tout ça soit à nouveau une comédie".
Le futur gouvernement en plein chantier
Parallèlement à ces consultations, qui se poursuivront mardi, François Bayrou peaufine son équipe qu'il veut resserrée et dominée par des "personnalités" d'expérience, en laissant Mayotte touchée par un ouragan meurtrier aux mains d'Emmanuel Macron. François Bayrou, qui a revu dimanche soir Emmanuel Macron, s'est défini dimanche comme "un Premier ministre de plein exercice et de complémentarité" avec le président qui avait hésité jusqu'à la dernière minute à le nommer.
François Bayrou n'a toutefois pas l'intention de batailler sur les postes régaliens, qui relèvent du domaine dit "réservé", selon une source gouvernementale. Le MoDem détient actuellement le ministère des Affaires étrangères, avec Jean-Noël Barrot.
Reste à savoir si Sébastien Lecornu, un fidèle d'Emmanuel Macron que le chef de l'État a hésité à nommer à Matignon, souhaite rempiler à son poste. François Bayrou a reçu vendredi le ministre de l'Intérieur sortant Bruno Retailleau (LR), à qui il a laissé le pilotage de la crise à Mayotte, touché par un cyclone meurtrier, comme un gage de la poursuite de sa mission au gouvernement.
Mais le maintien de ce ministre clivant divise. Les socialistes contestent d'abord son projet d'une nouvelle loi immigration. Le président du Sénat Gérard Larcher (LR) a plaidé pour que soit reconduit son collègue de parti.
Roland Lescure plaide pour la nomination de ministres socialistes
L'ancien ministre de l'Industrie Roland Lescure, dont le nom avait circulé pour Matignon, a plaidé lundi sur RTL pour "élargir" à des ministres socialistes mais ces derniers menacent d'exclure les prétendants. "J'ai vu avec intérêt les énormes bougés du Parti socialiste et d'une partie de la gauche", a-t-il expliqué, estimant que la promesse de ne pas censurer si le gouvernement ne présente pas de 49.3 "ne peut fonctionner que s'ils décident d'entrer au gouvernement".
La France insoumise qui menace d'emblée de censurer le futur gouvernement, met en balance l'union de la gauche : "toute personne qui rentrera dans ce gouvernement se mettra à distance de manière irrémédiable du Nouveau Front populaire", a prévenu son coordinateur Manuel Bompard sur TF1.
Le temps presse pour la formation du gouvernement car c'est lui qui portera le nouveau projet de loi de finances pour 2025, interrompu par la censure, alors que le déficit s'aggrave et que les agences de notation froncent les sourcils. Le nouveau Premier ministre a reçu dimanche le ministre sortant du Budget Laurent Saint-Martin, avant l'examen par les députés lundi du projet de la loi spéciale qui permettra la continuité de l'État, en l'absence de budget adopté dans les temps.
Il s'est aussi entretenu samedi avec le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici. Autant de profils possibles pour Bercy, comme celui aussi de Roland Lescure.