Une quinzaine de minutes d'allocution pour conclure une année mouvementée. Comme le veut la tradition, Emmanuel Macron a adressé ses vœux aux Français, lundi soir. Son discours, enregistré à l'avance et prononcé debout, est intervenu dans un contexte tendu marqué par la crise des "gilets jaunes" et les nouvelles révélations de l'affaire Benalla. Sans les évoquer nommément, le chef de l'Etat a insisté sur la "colère" entendue en 2018 et la nécessité d'assurer "l'ordre républicain".
Les informations à retenir :
- "Les résultats ne peuvent pas être immédiats", a posé Emmanuel Macron à propos de la première année de son quinquennat
- Le chef de l'État a formulé trois vœux pour 2019, "de vérité", "de dignité" et "d'espoir"
- Il n'a pas évoqué l'affaire Benalla, qui connaît de nouveaux rebondissements depuis quelques jours, ni cité nommément les "gilets jaunes"
"Les résultats ne peuvent être immédiats". "Je suis heureux de vous présenter tous mes vœux pour l'année qui s'ouvre", a commencé Emmanuel Macron, évoquant en préambule les douze mois écoulés. "L'année 2018 ne nous a pas épargnés en émotions de toutes natures", a souligné le président de la République, faisant allusion pèle-mêle à la victoire de l'équipe de France à la Coupe du monde ou centenaire de l'Armistice. "Je ne vais pas ici tout énumérer mais nombre de transformations qu'on pensait impossibles comme celle du travail et des chemins de fer ont été menées à bien", a-t-il souligné. "Les résultats ne peuvent pas être immédiats et l'impatience que je partage ne saurait justifier aucun renoncement."
Vœux 2019 aux Français.https://t.co/nkxvI6IctT
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 31, 2018
"Nous voulons changer les choses pour vivre mieux". Emmanuel Macron a ensuite cité les réformes à venir, comme celle de l’assurance chômage et de l'organisation du secteur public, mais aussi du système de retraites, appelant à "bâtir les nouvelles sécurités du 21ème siècle". "Nous avons vécu de grands déchirements", a-t-il avancé à propos du mouvement des "gilets jaunes", sans jamais le citer nommément, évoquant simplement "une colère qui vient de loin (…) contre des changements profonds qui interrogent notre société". "Nous ne sommes pas résignés, notre pays veut bâtir un avenir meilleur", a martelé le chef de l'État. "Telle est la leçon de 2018, nous voulons changer les choses pour vivre mieux."
Une ligne politique "à poursuivre". "De grandes certitudes sont en train d'être mises à mal", a encore estimé le président de la République, notant un "malaise dans la civilisation occidentale" et une crise "de notre rêve européen". "C'est un défi immense et tout cela est évidemment lié avec le malaise que vit notre pays", a jugé le chef de l'État. "Nous avons une place, un rôle à jouer, une vision à proposer. C'est la ligne que je trace depuis le début de mon mandat et que j'entends poursuivre. C'est de remettre l'homme au cœur du monde contemporain."
"Nous pouvons faire mieux, nous devons faire mieux". "Cela suppose beaucoup de constance et de détermination", a enchaîné Emmanuel Macron, formulant "trois vœux" pour cette année "décisive". Le premier, un "vœu de vérité" : "Nous souhaiter de ne pas oublier qu'on ne bâtit rien sur des mensonges ou des ambiguïtés. (…) On ne peut pas travailler moins et gagner plus, baisser nos impôts et accroître nos dépenses, ne rien changer à nos habitudes et respirer un air plus pur", a-t-il lancé. "Cessons de nous déconsidérer et de faire croire que la France est un pays où les solidarités n'existent pas. Nous pouvons faire mieux, nous devons faire mieux", a continué le président, faisant notamment référence aux territoires, mais aussi au grand débat national à venir "qui doit nous permettre de parler vrai". Le président a promis d'écrire aux Français a ce sujet "dans les prochains jours".
"Nombre de nos concitoyens ne se sentent pas respectés". Emmanuel Macron a ensuite formulé un vœu de "dignité", semblant évoquer les violences survenues ces dernières semaines en marge de la grogne sociale. "Je suis profondément convaincu que chaque citoyen est nécessaire pour le projet de la Nation", a-t-il expliqué. "Nombre de nos concitoyens ne se sentent pas respectés, considérés. Je pense aux mères de famille (…) à nos agriculteurs (…) à nos retraités. (…)". Reconnaissant que "nos institutions doivent continuer à évoluer", le chef de l'État a vivement dénoncé ceux qui s'en prennent "aux élus, aux forces de l'ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels". "C'est tout simplement la négation de la France. Le peuple est souverain, il s'exprime lors des élections (…) L'ordre républicain sera assuré sans complaisance."
"Je suis au travail, fier de notre pays". Pour conclure son allocution, le chef de l'État a formulé un vœu "d'espoir", citant notamment les élections européennes du mois de mai. "Je crois que nous avons eu nous une énergie salutaire si nous savons retrouver confiance en nous-mêmes et entre nous", a-t-il assuré, promettant la présentation d'un projet européen "renouvelé" dans "les prochaines semaines". "J'ai grandi en province et je connais ces terres qui ont été bousculées durant ces dernières décennies et qui parfois doutent", a conclu Emmanuel Macron. "Je sais que notre avenir dépend de notre capacité à nous aimer et à aimer notre patrie, de tous les horizons, de toutes les générations. Je suis au travail, fier de notre pays."