Un procès et un débat. À un peu plus d'un an de la présidentielle 2022, Marine Le Pen va être sous le feu des projecteurs médiatiques, mercredi et jeudi, avec deux événements importants. Le premier est un rendez-vous judiciaire : la présidente du Rassemblement national et l'eurodéputé RN Gilbert Collard doivent se présenter au tribunal de Nanterre mercredi. La présidente du RN est jugée pour avoir publié des tweets relayant des photos d'exactions de l'Etat Islamique en décembre 2015, soit quelques semaines après les attentats parisiens du 13-Novembre. Le deuxième est politique : un débat face à Gérald Darmanin.
Un procès transformé en tribune politique ?
En publiant des photos de l'Etat islamique, Marine Le Pen entendait alors protester contre le rapprochement fait dans un média entre son parti et le groupe terroriste. Les montrer était une façon de protester, explique au micro d'Europe 1 son avocat, Me Dassa le Deist. "Marine Le Pen n'est pas présente sur le plateau et elle répond immédiatement en twittant les trois photos emblématiques de la barbarie. Elle rappelle ce que c'est que Daech et montre également, en parallèle et en creux, l'inanité et l'outrance de cette comparaison."
Reste que la publication de ces clichés avait suscité un tollé et le parquet de Nanterre avait immédiatement lancé des poursuites à l'encontre de la présidente du RN pour diffusion de messages violents ou portant gravement atteinte à la dignité humaine susceptibles d'être vus par un mineur. Une infraction, passible de trois ans de prison, qui permet également de demander une expertise psychiatrique de l'intéressée, à laquelle ne s'était pas rendue Marine le Pen.
En revanche, la finaliste de l'élection de 2017 sera bien présente à son procès qui a, selon elle, le "parfum de la persécution". "Elle n'y va pas pour cueillir des fleurs", prévient au micro d'Europe 1 un de ses proches. Et pour cause, Marine Le Pen compte faire de ce rendez-vous une tribune politique, à en croire ses proches, alors que le projet de loi confortant les principes républicains (ex-projet de loi sur les séparatismes) est débattu à l'Assemblée nationale depuis plus d'une semaine. "C'est un cadeau qu'ils nous font", ose même un cadre du parti selon qui "le système tape plus sur ceux qui dénoncent l'islamisme que sur ceux qui le défendent".
"On n'a pas honte de dénoncer une idéologie totalitaire, on est dans notre rôle", abonde encore ce proche. Ce que ne manquera certainement pas d'exprimer Marine Le Pen. D'abord au tribunal mercredi, mais aussi jeudi soir face à Gérald Darmanin.
Un débat avec Gérald Darmanin
Car c'est l'autre temps fort de la semaine de la présidente du Rassemblement national : un débat avec le ministre de l'Intérieur sur France 2. Pendant les 45 minutes de ce face-à-face sans public, coronavirus oblige, elle prévoit d'attaquer Gérald Darmanin sur l’immigration et sur la sécurité. Mais surtout, elle souhaite attaquer le ministre sur sa loi confortant les principes républicains, qu’elle juge faible contre l’islamisme.
Pour Marine Le Pen, ce débat est très important et elle s’y prépare depuis plusieurs jours avec les Horaces, ce collectif de hauts fonctionnaires qui l’alimentent en idées. En septembre dernier, elle avait refusé un débat avec le Premier ministre Jean Castex, jugé trop technocrate. Cette fois-ci, avec un Gérald Darmanin au discours plus tranché, Marine Le Pen compte bien installer un clivage sur les questions de sécurité, dans la perspective de la prochaine campagne présidentielle. Un face-à-face qui pourrait aussi peut-être contribuer à faire oublier le fiasco du débat de l'entre-deux-tours face à Emmanuel Macron en 2017.