"Des dîners de travail ? mon œil". Voilà comment réagit auprès d’Europe 1 un proche de François de Rugy, à l’évocation de la défense de l’ancien président de l’Assemblée nationale, épinglé pour une série de soirées données aux frais du contribuable entre 2017 et 2018, lorsqu’il occupait l’hôtel de Lassay.
Mediapart a mis en cause mercredi l'actuel ministre de l’Ecologie pour ces somptueux dîners, organisés par son épouse, et réunissant une large part des intimes du couple. Celui qui a succédé à Nicolas Hulot a-t-il profité des largesses de sa précédente fonction pour recevoir des amis sous les ors de la République ? "Il y a eu un mélange des genres, c’était plus des dîners mondains que des dîners politiques", répond un observateur de premier plan, interrogé par Europe 1.
"Je ne si pas si on peut parler d’une affaire"
En coulisses, à l’Assemblée nationale, ce qui choque n’est pas tant que François de Rugy ait reçu des personnalités de la société civile et des contacts de sa femme, mais les moyens alloués à ces repas, où circulaient les plateaux de homards et les grands crus, à en croire les photographies publiées par Mediapart. "Quand vous faites un dîner à la présidence, les services se mettent en branle pour organiser quelque chose de somptueux. C’est à vous de leur mettre le holà sinon ils se font plaisir", explique un habitué de l’hôtel de Lassay.
Politiquement, même si la majorité reste très silencieuse, François de Rugy garde officiellement la confiance du président de la République. Les diverses révélations de Mediapart ne semblent pas pour l’heure déstabiliser le ministre d’Etat, numéro deux du gouvernement. "Actuellement, rien n’accroche. Les sujets polémiques ne prennent pas", tente ainsi de se rassurer un conseiller. "Je ne si pas si on peut parler d’une affaire", a également voulu désamorcer jeudi, au micro d'Europe 1, Brune Poirson, secrétaire d'Etat auprès du ministre.
Un ministre qui a perdu sa crédibilité ?
Mais l'opposition se déchaîne déjà, à gauche notamment où plusieurs voix demandent la démission de François de Rugy face à des pratiques jugées inacceptables. "Les Français ne supportent plus ce mélange des genres. François de Rugy n’aura plus l’autorité nécessaire pour être ministre", estime ainsi l’écologiste Delphine Batho. À La France insoumise, les élus ne se font guère d'illusion sur le départ de François de Rugy. "C’est au gouvernement de prendre cette décision. Il y aura au moins un grand bénéfice s’il part : on sauvera la vie de quelques homards et la biodiversité s’en portera bien mieux. Ce serait un bon début", ironise Loïc Prud’homme, en référence au cliché d’un plateau de homards publié Mediapart.
Quant au député LR Julien Aubert, il rappelle à François de Rugy ses propres exigences : "J’ai eu un président qui nous a dit d’être exemplaire. Moi, je lui demande aussi d’être exemplaire, et de venir s’expliquer." Si les faits sont avérés, ajoute-t-il, François de Rugy devra rembourser l'Assemblée nationale. L’intéressé a déjà fait savoir qu'il se tenait à la disposition du déontologue du palais Bourbon.