Lors d'un meeting à Nice, Marine Le Pen a exprimé une "divergence majeure" avec le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur le rôle et la nature de l'État de droit. Cette confrontation verbale intervient après que Bruno Retailleau a remis en question "la notion d’intangibilité de l'État de droit", ce qui a provoqué de nombreuses réactions dans le paysage politique français.
Les propos controversés de Bruno Retailleau
Dans une interview accordée au Journal du Dimanche (JDD), le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a déclaré que "l'État de droit, ça n'est pas intangible ni sacré", en précisant que sa source est "la démocratie, c’est le peuple souverain". Cette position a suscité de vives critiques, notamment à gauche et dans le camp présidentiel, où certains y ont vu une remise en cause d'un des principes fondamentaux des démocraties modernes.
Retailleau, face aux réactions, a regretté que ses propos aient été « instrumentalisés par de faux débats", essayant ainsi de nuancer ses déclarations. Cependant, cette sortie a ouvert un débat plus large sur la nature de l'État de droit et son rapport à la démocratie.
Marine Le Pen défend une vision traditionnelle de l'État de droit
Marine Le Pen, cheffe des députés du Rassemblement national (RN) et candidate récurrente à l'élection présidentielle, a pris position contre cette remise en question du principe de l'État de droit. Pour elle, ce dernier est un pilier fondamental de la civilisation européenne et ne doit pas être contesté. "Ce n'est pas l'État de droit en tant que tel qui doit être contesté, c'est tout le contraire. Nous en sommes les garants, au sens que lui ont donné les plus brillants philosophes européens des siècles passés", a-t-elle affirmé devant ses partisans à Nice.
Elle a ainsi souligné l’importance de la soumission de tous aux règles démocratiquement établies. Toutefois, Le Pen a également critiqué ce qu'elle considère comme une "déformation" de cette notion dans l'usage contemporain. Elle a accusé certaines élites d’utiliser l'État de droit comme un instrument pour restreindre la souveraineté populaire, en empêchant toute évolution démocratique du cadre législatif. "Cela, nous ne l'accepterons jamais", a-t-elle martelé.
Un débat sur la souveraineté populaire et l'évolution du droit
Le cœur du désaccord entre Marine Le Pen et Bruno Retailleau semble résider dans la question de savoir si l'État de droit peut ou doit évoluer en fonction de la volonté démocratique. Pour Bruno Retailleau, la souveraineté populaire doit "pouvoir primer sur un cadre juridique figé", un point de vue qui reflète une certaine méfiance envers une bureaucratie ou des juges perçus comme limitant la liberté d’action des gouvernements élus.
Marine Le Pen, tout en défendant l'État de droit, rejette une forme de "rigidité" imposée par des institutions internationales ou des traités qui, selon elle, empêcheraient les peuples de reprendre le contrôle de leur propre législation. Elle illustre ainsi une tension classique entre souveraineté nationale et cadre juridique supranational, un thème récurrent dans ses discours et son programme politique.