Les procureurs n'en peuvent plus. Depuis les attentats et l'instauration de l'état d'urgence, ils seraient même "au bord du burn-out". Jeudi, ils ont lancé un cri d'alarme lors de la conférence nationale des procureurs de la République (CNPR) et ont appelé les parquets à suspendre certaines missions annexes pour se concentrer sur l'essentiel, notamment la direction des affaires judiciaires. Interrogé dans Europe Soir, Marc Cimamonti, procureur de la République de Lyon, a tiré la sonnette d'alarme. "Depuis le début de l’année dès qu’on a un risque de radicalisation, il faut réagir très vite. Ce sont des situations sensibles qui reviennent très régulièrement", a-t-il expliqué.
Reporter les missions non-prioritaires. Pour le procureur, cette situation exige "une mobilisation permanente. Nous sommes susceptibles d’intervenir 24 heures sur 24. Il faut que nous l'assumions". Mais déjà bien occupés par d'autres missions annexes, les procureurs ne peuvent tout simplement plus assurer leur rôle. La revendication est donc claire pour Marc Cimamonti : "Il y a une nécessité d’'agender' d’autres missions qui n’ont pas de caractère prioritaire".
La CNPR a donc demandé aux parquets de France "de suspendre leurs activités périphériques et chronophages éloignées de leurs missions judiciaires essentielles" et de "cibler leur participation aux multiples instances partenariales pour ne retenir que celles présentant un intérêt opérationnel". En clair, les procureurs appellent à mettre entre parenthèses les rapports administratifs, les réunions sur la politique de la ville ou la prévention de la délinquance pour se concentrer sur les métiers de base : l'action publique, la direction des enquêtes judiciaires, leur présence dans les états-majors de sécurité, les cellules de radicalisation.
Taubira appelée à l'aide. Jeudi, Thomas Pison, président du CNPR et procureur de Nancy, a expliqué que la mobilisation après les attentats du 13 novembre et l'état d'urgence ont à nouveau mis en lumière le manque de moyens humains et matériels du ministère public face à des missions toujours plus nombreuses. "On a écrit lundi à la garde des Sceaux pour lui expliquer ce que l'on comptait faire. Nous attendons sa réponse, a-t-il indiqué.