Européennes : à Paris, Marie Toussaint appelle au «grand sursaut»

Marie Toussaint
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La tête de liste écologiste aux européennes, Marie Toussaint, a appelé dimanche à "garder espoir", après un début de campagne qui n'a pas rencontré l'adhésion populaire", et taclé son concurrent à gauche Raphaël Glucksmann, investi par le PS. Elle s'est exprimée devant 300 militants et sympathisants, dans une salle de l'est parisien, La Bellevilloise.

A Paris, la tête de liste écologiste Marie Toussaint, à la peine dans les intentions de vote à deux mois des européennes, a appelé dimanche les jeunes écologistes à "garder espoir" et à construire "le grand sursaut". "Gardez espoir. Vous êtes la clé de la réussite de notre bataille. Allez dire que les écologistes sont là et que leur détermination ne faiblira pas", a-t-elle affirmé devant 300 militants et sympathisants, dans la salle de la Bellevilloise, dans le XXe arrondissement. "Face au grand recul, construisons le grand sursaut!", a-t-elle encore lancé. "Déployons-nous, multiplions-nous et dépassons-nous", a-t-elle poursuivi.

"Une enfant de l'écologie de combat"

Alors que l'Europe est un des fondamentaux du projet écologiste et que le changement climatique est une des principales inquiétudes des Français, l'eurodéputée de 36 ans, qui prône la douceur dans sa campagne, est créditée autour de 6 à 7% des intentions de vote, loin du score de 13,4% de Yannick Jadot en 2019. La juriste à l'initiative de "L'affaire du siècle", qui avait fait condamner l'Etat français en 2021 pour ses manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique, a reconnu que la campagne était "difficile".

"Notre début de campagne n'a pas rencontré d'adhésion populaire", mais "nous allons chercher un bon score avec les dents", a-t-elle promis. "Dans les jours et semaines à venir, nous avons donc un devoir d'excellence, pour sortir de la mauvaise passe que nous traversons", a expliqué celle qui s'est présentée comme "une enfant de l'écologie de combat".

"Contrefaçons"

Peu connue du grand public malgré une campagne lancée dès décembre, elle fait face à la concurrence à gauche de Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, sur une ligne pro-européenne, comme elle, et de la LFI Manon Aubry, pourtant entrée plus tard en campagne. Raphaël Glucksmann a d'ailleurs marché sur ses plate-bandes samedi à Nantes en présentant ses mesures pour une "révolution écologique européenne". "Méfiez vous des contrefaçons", a répondu Marie Toussaint. "L'écologie, ce ne sont pas les grands mots et le détricotage environnemental de la PAC. Ce n'est pas le déploiement des méga-camions, les accords de libre-échange, et des règles budgétaires qui entravent l'investissement dans la transition!".

Face à "ceux qui disent, Glucksmann c'est pas mal", elle a prévenu : "le risque c'est de s'endormir le 9 juin en ayant voté Raphaël Glucksmann et de se réveiller le 10 juin avec le retour de François Hollande". Elle a aussi taclé Jordan Bardella, qui "utilise le moteur à propulsion du ressentiment". Son programme, c'est "deux tiers de vide, un tiers de haine", a-t-elle ajouté. Elle a porté les coups également contre le gouvernement. "Quand le dérèglement climatique s'accélère, Emmanuel Macron abandonne les législations pour le climat. Quand le vivant disparaît, Emmanuel Macron enterre le plan écophyto".

"Backlash écologiste"

Sous les acclamations, l'eurodéputée a promis notamment des normes "harmonisées par le haut pour éviter la mise en concurrence au sein même de l'Union européenne", un "grand plan d'investissement pour faire de l'Europe la championne de la dépollution du monde", ou encore "un Pacte pour l'emploi, pour que tous les salariés européens soient protégés". Plus tôt, la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a dénoncé une nouvelle fois le "backlash écologiste", de la part du gouvernement et de l'extrême droite. "L'ennemi de Macron, c'est les écologistes. Ils font de nous des ennemis de l'intérieur, des terroristes", a-t-elle déploré.

Pour Enzo Peroni, docteur en neurosciences de 29 ans, venu découvrir Marie Toussaint, même si elle est "peu connue", "c'est pas mal qu'il y ait des personnalités nouvelles, car les dernières personnes connues de l'écologie ne sont pas super appréciées", dit-il, citant Sandrine Rousseau, qui "clive un peu trop", Yannick Jadot, "pas très probant", et Julien Bayou, ex-secrétaire national du parti, qui a démissionné après des accusations de violences psychologiques sur son ex-compagne. "On est convaincu qu'on a la bonne incarnation", a considéré Guillaume Durand, militant écologiste de 37 ans. "Je suis persuadé qu'il y aura un rebond, la dernière fois, les choses se sont décantées dans la dernière semaine".