Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a fustigé samedi "une barbarie nouvelle", "fruit d'un cocktail explosif entre une immigration non maîtrisée, des tensions communautaristes et un laxisme judiciaire", lors d'un déplacement dans le Nord, à deux mois des élections européennes.
Au lendemain de la mort d'un adolescent de 15 ans passé à tabac à la sortie de son collège de Viry-Châtillon (Essonne) et quelques jours après l'agression d'une collégienne de 13 ans devant son établissement de Montpellier, Jordan Bardella a estimé "qu'il n'y a plus un seul territoire en France, que ce soit dans nos rues comme dans les écoles, qui est épargné par la violence et par l'insécurité". Le président du RN, tête de liste de son parti pour les européennes, a plaidé pour le développement de "peines très courtes" dans des "centres éducatifs fermés".
"La France islamiste"
Grandissime favori du scrutin du 9 juin, crédité d'environ 30% d'intentions de vote, Jordan Bardella s'est offert une énième séance de selfie, d'abord dans les travées d'un marché à Cambrai. Il a enchaîné avec un meeting à Lécluse, un bourg entre Arras et Douai, où plus de deux électeurs sur trois ont pris l'habitude de voter pour le parti à la flamme aux seconds tours des élections. Devant plus de 1.500 sympathisants - davantage que le nombre d'habitants de la commune -, celui qui a jusqu'alors refusé de participer aux débats télévisés a eu un mot pour chacun de ses adversaires, rebaptisant au passage LFI "La France islamiste". Pour finalement les renvoyer dos à dos, PS et LR compris : "cinquante nuances de subversion migratoire", selon la tête de liste RN.
Avant d'évoquer son "indignation" quant au sort de l'usine Valdunes de Valenciennes, dernier fabricant français de roues de trains qui a finalement été repris par le groupe Europlasma mais avec 131 licenciements, Jordan Bardella avait lancé : "Au Nord, c'était les Corons", provoquant le chant de toute la salle. Quelques minutes plus tôt, c'était la nouvelle prise de guerre du RN, Malika Sorel, une ancienne proche de François Fillon propulsée numéro deux de la liste RN, qui avait cité Enrico Macias et "les gens du Nord".
Sans nouvelles annonces sur le programme, le rendez-vous nordiste entendait ainsi galvaniser des troupes acquises, mais dont l'état-major du RN craint qu'elles se laissent tenter par l'abstention - un scénario qui avait empêché le parti d'extrême droite de gagner la moindre région en 2021, malgré des sondages flatteurs. Fer de lance de l'électorat RN, les Hauts-de-France auront d'ailleurs droit à un deuxième meeting, fin mai, cette fois à Hénin-Beaumont, le fief de Marine Le Pen.