La France insoumise a choisi pour mener sa liste aux élections européennes une jeune porte-parole de l'ONG Oxfam en France, Manon Aubry, spécialiste de l'évasion fiscale, a annoncé samedi le mouvement lors de sa convention de Bordeaux. Ce choix, ainsi que l'ensemble de la liste, doit encore être approuvé par un vote en ligne des militants LFI d'ici dimanche 11h.
Liste. Manuel Bompard, directeur des campagnes de LFI, est placé en seconde position, la fondatrice du mouvement pour le droit au logement "Jeudi noir" en 2012, Leïla Chaibi, troisième, et le député européen sortant Younous Omarjee quatrième. Le député européen Emmanuel Maurel, qui a quitté le PS pour s'allier à LFI avec le MRC, est placé en sixième position, éligible si l'on en croit les premiers sondages qui donnent tous au moins 10% à LFI. Farida Amrani, défaite dans la récente législative partielle de l'Essonne, figure en 9e position.
Figure associative. Manon Aubry, 29 ans, est responsable de "plaidoyer évasion fiscale et inégalités" pour Oxfam. Ses oppositions à la loi Fillon de 2005 réformant l'Education nationale, au projet de Constitution européenne soumis au référendum en 2005 et au Contrat première embauche (CPE) en 2006 porté par Dominique de Villepin forment ses premiers combats militants. Avant Oxfam, qu'elle a intégré il y a quatre ans, elle a œuvré dans plusieurs ONG impliquées en Afrique subsaharienne. En menant la liste LFI aux européennes, elle a confié dans une vidéo diffusée lors de la convention de Bordeaux vouloir "passer du rôle de vigie citoyenne au rôle de décideur politique pour ouvrir les portes du pouvoir au monde associatif". LFI aura donc choisi de mettre en avant une figure associative plutôt que de confier la tête de liste à Manuel Bompard, numéro 1 du mouvement pour les questions organisationnelles et président du comité électoral.
Défections et démocratie interne. La constitution de la liste a été l'objet de tensions et de crises au cours des derniers mois. Évincés des places éligibles, la championne du monde de kick-boxing Sarah Soilihi, l'économiste Liêm Hoang-Ngoc, ou encore le conseiller en géopolitique Djordje Kuzmanovic ont claqué la porte, dénonçant un manque de démocratie interne. En cause notamment, le comité électoral, non contrôlé par une instance d'arbitrage des conflits. Moins fracassant mais essentiel au vu de sa cote de popularité dans le mouvement, le retrait du binôme de tête de liste il y a trois semaines de la responsable du programme de LFI, Charlotte Girard, officiellement pour des raisons personnelles, a bouleversé les plans du mouvement. La convention de Bordeaux, noyée par l'actualité des "gilets jaunes", devrait cependant apporter quelques améliorations en termes de démocratie interne, a assuré Manuel Bompard.