C’est une petite musique qui résonne de plus en plus fort dans le monde politique. Emmanuel Macron souhaiterait poser sa patte présidentielle sur les scrutins à venir, européennes de 2019 et municipales de 2020 en premier lieu. A savoir refonder les premières et reporter les secondes d’un an. Selon Le Figaro, le président de la République y travaille sérieusement avec le ministère de l’Intérieur, chargé d’organiser les élections. Les motivations sont techniques, mais pas seulement. Les objectifs d’un tel chamboulement sont aussi politiques.
Un retour aux listes nationales pour les européennes ?
Depuis 2004, les députés européens français sont élus dans huit grandes circonscriptions. L’exécutif réfléchit à un changement. Selon Le Figaro, deux hypothèses ont été écartées : celle de listes transnationales et celle de circonscriptions calquées sur les 13 nouvelles grandes régions françaises. Emmanuel Macron pencherait pour un retour à des listes nationales, comme c’était le cas avant 2004.
Une seule liste pro-européenne. Outre qu’elle ajouterait indéniablement à la clarté du scrutin, cette option n’est pas non plus dénuée d’avantages certains pour la majorité, alors que les européennes, qui auront lieu en mai 2019 seront le premier test électoral pour le président de la République, deux ans après son arrivée au pouvoir. Face au PS et aux Républicains, incapables de dégager une ligne claire sur l’Europe, et face aux eurosceptiques que sont les Insoumis et le Front national, la liste macroniste serait la seule à être ouvertement et totalement pro-européenne. "L'Europe est centrale dans notre projet", rappelle opportunément la députée LREM dans Le Figaro.
"La constitution d'une liste unique". Par ailleurs, une liste nationale permettrait d’agréger toutes les composantes de la majorité. "Pour les européennes, l’idée serait la constitution d’une liste unique qui comprendrait La République en marche, les Constructifs, l’UDI, le Modem et les Radicaux. Cette alliance ne serait possible qu’en cas de liste nationales", disait Yves Jego, président de l’UDI, en septembre à L’Opinion. Reste que la constitution d’une telle liste relèverait d’un sacré casse-tête pour contenter tout le monde. En premier lieu pour la désignation de la tête de liste. Autant s’y prendre le plus tô tpossible.
La droite prête à batailler. L’opposition y voit une manœuvre purement électoraliste. Eric Ciotti relève dans Le Figaro que La République en marche ne dispose pour l’heure "d'aucun leader régional". "D'où l'idée de nationaliser cette élection sous son nom", analyse le député Les Républicains des Alpes-Maritimes. La droite se prépare donc à batailler si un projet de loi est déposé par le gouvernement pour rétablir un scrutin de liste nationale.
Regrouper toutes les élections locales en 2021 ?
Quant au scrutin suivant, les municipales, prévues en 2020, elles pourraient être tout bonnement reportées d’un an. L’Elysée songe à regrouper les trois scrutins locaux - municipales, départementales, régionales – au cours des mêmes week-ends. "Trois scrutins en deux ans, cela fait beaucoup, donc la question se pose naturellement", admet au Figaro le président du groupe MoDem à l'Assemblée Marc Fesneau. "Je pense que ce serait sage de ne pas émailler la vie politique française d’élections qui sont par nature des périodes paralysantes et de regrouper toutes les élections locales en une seule. Ce serait logique", affirmait le 28 septembre dernier François Bayrou sur LCP.
- François @bayrou trouverait "logique" de "regrouper les élections locales" en une seule élection #regions#communes#QDIpic.twitter.com/w0ixu2cjXA
— LCP (@LCP) 28 septembre 2017
Se donner du temps. Mais là encore, les avantages sont certains pour la majorité. D’abord se donner du temps, puisqu’en quatre ans, seules les européennes permettraient de sonder véritablement l’opinion. En outre, cela laisse plus de temps aux réformes parfois controversées de produire leurs effets - si d’aventure elles produisent un effet bénéfique sur l’économie française. Enfin, l’exécutif aura le temps de calmer la grogne des maires, fâchés notamment par la suppression de la taxe d’habitation. A condition bien sûr de démontrer dans l’intervalle que le manque à gagner sera bel et bien compensé. "Cela ne peut relever que d'une forme de tripatouillage électoral et d'un calcul politicien", s’agace par avance Eric Ciotti, démontrant que l’opposition ne laissera sans doute pas faire.