Sa démission est attendue d’un moment à l’autre. Choisie pour prendre la tête de la liste LREM aux européennes, Nathalie Loiseau va quitter son portefeuille du ministère des Affaires européennes. Dans un long entretien au Figaro, l’ancienne directrice de l’ENA détaille mardi sa stratégie pour porter le parti présidentiel à la première place lors du scrutin du 26 mars.
"Battre le Rassemblement national serait la première victoire", explique Nathalie Loiseau, assumant pleinement la bipolarisation - avec d’un côté une Europe des populistes et de l’autre une Europe des réformateurs - installée ces derniers mois par Emmanuel Macron au fil de ses prises de parole. "C’est un état des lieux. Vous avez des populistes, des démagogues, qui viennent avec du rejet et de la haine de l’autre comme projet politique. En face, vous avez des progressistes qui ne sont pas satisfaits du statu quo, ni en France ni en Europe", justifie-t-elle.
Le Rassemblement national, l'adversaire numéro un
Cette responsable gouvernementale dénonce notamment l’absence de bilan pour le parti de Marine Le Pen, pourtant arrivé en tête du dernier scrutin européen. "En cinq ans, ils n’ont participé à rien, ils ont fait le contraire à Bruxelles et à Strasbourg de ce qu’ils ont dit à Paris", estime-t-elle. "Ce sont des sortants encombrants, qui ont affaibli la France. Ils se sont servis, plus qu’ils n’ont servi les Français", tacle-t-elle en référence à l’affaire des emplois fictifs de l’ex-FN au Parlement européen.
Mettre fin à l'alternance gauche/droite
Dans le détail, Nathalie Loiseau compte porter la volonté du président de la République de remise à plat de l’espace Schengen. Pour elle, il ne s’agit pas d'interroger la libre-circulation mais de renforcer les frontières extérieures, auxquels les précédents dirigeants européens "ne se sont pas intéressés". Pour ce faire, elle estime que les effectifs de Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, devrait passer de 600 à 10.000 hommes.
Elle évoque également la possibilité de créer un groupe politique nouveau au Parlement européen, plutôt que de rejoindre l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (ALDE). "Nous avons des contacts très fréquents avec des partis qui sont membres de l’ALDE, mais aussi des partis qui n’en sont pas. Une grande partie de l’ALDE viendra avec nous, et il y en a qui ne sont pas dans l’ALDE qui viendront avec nous aussi", explique-t-elle, toujours dans les colonnes du Figaro. L’objectif, selon elle, est de mettre fin "à la cogestion entre la droite traditionnelle et la gauche traditionnelle qui a créé une paralysie". Mais il s’agit aussi de s'inspirer de ce qu’Emmanuel Macron a réalisé pendant la campagne présidentielle.
L'investissement du chef de l'Etat
Le président de la République devrait d’ailleurs lui-même s’engager dans la campagne, une fois la page du "grand débat national" tournée. Plusieurs grands meetings sont prévus, notamment en dehors de la France, mais Emmanuel Macron "sera certainement là où on ne l’attend pas, comme d’habitude" promet Nathalie Loiseau.