Deux semaines après son audition, on en sait un peu plus sur ce qu'a dit Nicolas Sarkozy dans le bureau des juges d'instruction dans le cadre de l'enquête sur le supposé financement libyen de sa campagne pour la présidentielle de 2007. L'ancien chef de l'État est désormais mis en examen quatre fois dans cette affaire : pour recel de détournement de fonds publics, corruption passive, financement illégal de campagne électorale, et donc, à l'issue de cette audition, pour association de malfaiteurs - une première pour un ancien président de la République.
Et face aux magistrats instructeurs, il s'est montré particulièrement agacé, selon les informations recueillies par Europe 1.
"Comment prouver quelque chose que je n'ai pas fait ?"
Les auditions ont duré 40 heures. Et 40 heures durant, l'ancien président s'est ardemment défendu, parfois exaspéré, souvent excédé. "Comment puis-je prouver quelque chose que je n'ai pas fait ?", a-t-il notamment lancé. "C'est à devenir fou, à se taper la tête contre les murs."
Ce que les juges veulent savoir, c'est si Nicolas Sarkozy a délibérément laissé ses proches et leurs intermédiaires officieux tenter d'obtenir de l'argent libyen pour financer sa campagne - un montant estimé à plusieurs millions d'euros. "Vous n'avez ni les preuves de l'arrivée, ni les preuves de la sortie concernant l'argent. Où est l'argent alors?" rétorque-t-il alors aux magistrats.
Guéant, crédule ? "Il faut bien le croire, hélas"
Au cœur de ce supposé "pacte corruptif" : les deux intermédiaires Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri, en lien étroit avec Brice Hortefeux et Claude Guéant. Liens dont Nicolas Sarkozy n'est pas "informé", dit-il. "Claude Guéant est-il crédule à ce point pour se faire rouler dans la farine pendant des années par Ziad Takieddine ?", demandent les juges.
Réponse de l'ancien chef de l'État : "Il faut bien le croire, hélas." Tout en estimant que les "erreurs" et le "manque de discernement" de son ex-bras droit "ne font pas de (lui) un corrompu".