Financements libyens : "je ferai triompher la vérité", assure Nicolas Sarkozy

L'ancien président a été mis en examen jeudi dans l'enquête sur des soupçons de financements libyens de sa campagne de 2007.
L'ancien président a été mis en examen jeudi dans l'enquête sur des soupçons de financements libyens de sa campagne de 2007. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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M.Be , modifié à
Dans une interview au JDD, Nicolas Sarkozy accuse de nouveau le clan Kadhafi, les journalistes de Mediapart et Ziad Takieddine de le "salir" avec l'affaire des présumés financements libyens. 

Il garde la même ligne de défense : Nicolas Sarkozy s’en est pris dans les colonnes du Journal du Dimanche à "trois groupes d’individus" qui "ont intérêt à (le) salir", a déclaré l’ancien président mis en examen dans l’affaire des présumés financements libyens de sa campagne électorale pour la présidentielle de 2007. "Je suis face à une manipulation d’une ampleur inédite", a martelé Nicolas Sarkozy au JDD, alors qu’il avait déjà assuré sur TF1 jeudi soir qu’il n’y avait "aucune preuve" dans le dossier judiciaire.

Le clan Kadhafi. D’après Nicolas Sarkozy, le premier groupe de personnes qui lui en veut est "constitué d’une bande d’assassins", dit-il en parlant de l’entourage de l’ancien dictateur libyen mort, Mouammar Kadhafi. "Le clan Kadhafi veut se venger d’avoir été délogé d’un pouvoir qu’il tenait par la force depuis trente ans", détaille l’ancien chef de l’Etat. Nicolas Sarkozy avait reconnu l’opposition en Libye, établie dans le Conseil national de transition, après que la guerre civile a éclaté. Il avait par ailleurs sollicité une intervention internationale en Libye. Parmi les proches du clan Kadhafi, l’ancien ministre libyen du Pétrole, Choukir Ghanem, évoquait dès 2007 dans des carnets, des versements à la faveur de la campagne de Nicolas Sarkozy.

Les journalistes de Mediapart. L’ancien président incrimine également les journalistes de Mediapart, à l’origine, dès 2011, des premières révélations concernant cette affaire. Ils "ne se comportent pas en journalistes mais en militants politiques", dit Nicolas Sarkozy. "Mediapart relaie leurs accusations parce que leur objectif était de me faire perdre, d’abord la présidentielle de 2012 puis la primaire de la droite en 2016", veut-il souligner. Le site d’information avait notamment publié la "note Knoussa", qui fait état d’un soutien à la campagne de Nicolas Sarkozy d’un montant de 50 millions d’euros de la part du régime libyen. "J’ajoute que l’on sait par le travail de la police (…) que le document publié par Mediapart qui a lancé l’affaire était un faux – les lieutenants de Kadhafi eux-mêmes le disent", affirme Nicolas Sarkozy au JDD. L’enquête sur les accusations de "faux" concernant cette note s’est pourtant soldée par un non-lieu en appel en novembre dernier. Un pourvoi à cassation est encore attendu.  

 

Ziad Takieddine. Enfin, Nicolas Sarkozy s’en prend aux "affidés du régime déchu de Kadhafi, dont le plus visible est Ziad Takieddine". "Ses mobiles sont financiers. Il fait partie de ceux qui ont pillé la Libye. En suscitant la coalition internationale contre Kadhafi, je les ai privés de leur 'poule aux œufs d’or'", croit savoir l’ex-président. Ziad Takieddine, homme d’affaires franco-libanais, affirme avoir transporté cinq millions d’euros d’argent liquide, depuis Tripoli jusqu’à la place Beauveau où était Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. "Le dossier judiciaire montre qu’il a reçu énormément d’argent libyen. Il a été arrêté en 2011 à son retour de Tripoli avec 1,5 million d’euros en liquide. Pendant ma garde à vue, les policiers m’ont appris qu’il avait reçu, en 2006, 2 millions d’euros en provenance d’un compte de Senoussi sur une société offshore (…) Puisqu’il est établi qu’il a reçu cet argent, il vaut mieux prétendre que c’était pour ma campagne", se défend Nicolas Sarkozy dans le JDD. Sur Europe 1 cette semaine, l’avocate de Ziad Takieddine, Elise Arfi, avait fait valoir "l’auto-incrimination" de son client : "Dans cette affaire, mon client aussi est mis en examen donc il n'y aura pas de gagnant et de perdant, les déclarations qu'il a faites, il les a faites en s'incriminant au passage et je crois que dans cette auto-incrimination, il y avait la preuve de sa sincérité."

Nicolas Sarkozy, qui affirme avoir reçu des "milliers" de soutiens depuis sa mise en examen jeudi, fait savoir qu’il fera "triompher la vérité" par "toutes les voies de recours qui (lui) sont ouvertes". Et l’ancien président de marteler : "Quel que soit le temps que ça prendra, je briserai les auteurs de la machination honteuse qui porte atteinte, au-delà de moi-même, à la fonction que j’ai exercée et à notre pays."