Voici le SOS d'un François Bayrou en détresse. Le président du MoDem, qui réunit ses troupes en Bretagne ce week-end pour faire sa rentrée politique, est à la recherche d'un peu d'espace politique, dans une campagne présidentielle qui risque de se jouer sans lui.
Asphyxié entre Juppé et Macron. Celui qui a déjà été candidat en 2002, 2007 et 2012 est actuellement asphyxié entre Alain Juppé, auquel il prête allégeance, et Emmanuel Macron, qui lui dispute son tout petit royaume centriste. Le duel Bayrou-Macron ressemble d'ailleurs au choc de deux mondes : politique à l'ancienne contre aspiration au renouveau. François Bayrou revendique un patrimoine, le centre, dont il serait propriétaire, quand l'ancien ministre de l'Économie, lui, pourfend cette vision de partis qui croient que les militants sont des soldats avec des œillères, qui suivent aveuglément les ordres du patron.
Bayrou sur la défensive. Pour le président du MoDem, la menace est à prendre sérieusement. Emmanuel Macron a une position centrale, veut rassembler des bonnes volontés de droite et de gauche. Et garde pour lui l'atout de la nouveauté. Rien d'étonnant, donc, à ce que François Bayrou soit sur la défensive. S'il répète en boucle être le garant du centre, il est tout de même allé se réfugier chez Alain Juppé, comme on cherche asile et protection auprès d'un plus puissant seigneur.
Menacé de disparition. Le MoDem, centre indépendant voulu par François Bayrou, est menacé de disparition. De 70.000 adhérents en 2007, il est passé à 35.000 en 2012, et seulement 14.000 en 2015. Son fondateur était parti avec un capital de départ : l'UDF, dont il avait pris la tête en 1998, était alors forte de 77 députés. Elle en avait même compté jusqu'à 215 jusqu'en 1997. Aujourd'hui, ils ne sont plus que deux élus MoDem sur les bancs de l'Assemblée nationale. L'un siège avec les radicaux, l'autre est Jean Lassalle, non-inscrit et... candidat à la présidentielle.
Atermoiements. L'héritage centriste de François Bayrou a fondu, notamment à cause des changements de pieds incessants de son fondateur. En 2002, il avait soutenu Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen, avant de se ranger en 2007 contre Nicolas Sarkozy, sans être vraiment convaincu par Ségolène Royal. Enfin, en 2012, il avait choisi François Hollande. Au poins de faire de son centre un espace politique non identifié.