François Hollande conseille à François Bayrou de rester «silencieux» sur la négociation sur les retraites

L'ex-président François Hollande "conseille vivement" au Premier ministre François Bayrou de "rester silencieux" concernant les négociations des partenaires sociaux sur les retraites qui ont démarré jeudi, et de ne pas rendre "impossible l'exercice" qui leur est demandé.

François Bayrou a demandé mercredi aux syndicats et au patronat de "rétablir l'équilibre financier de notre système de retraites à un horizon proche", ajoutant qu'il "souhaite fixer cet objectif à l'année 2030", dans une lettre de mission qu'il leur a adressée. Les partenaires sociaux ont entamé jeudi trois mois de difficiles négociations sur la réforme de 2023, les syndicats réclamant l'abrogation du relèvement à 64 ans de l'âge de départ.

"Il faut chercher à rééquilibrer le système des retraites"

"Il ne faudrait pas maintenant qu'on rende quasiment impossible ou plus difficile l'exercice", a estimé François Hollande, lors d'un déplacement au Salon de l'agriculture. D'autant que les socialistes ont obtenu une nouvelle négociation des partenaires sociaux sur cette réforme portée par l'ancienne Première ministre Elisabeth Borne. Il reconnaît qu'"il faut chercher à rééquilibrer le système des retraites". "Mais là, on demande aux partenaires sociaux d'aller au-delà même de ce qu'étaient les conditions financières de la loi Borne", s'étonne-t-il.

"Si c'est pour aboutir à ce qu'il y ait un relèvement des cotisations, le patronat considèrera qu'il ne peut pas y consentir. Si c'est pour diminuer le montant des retraites, les retraités considèreront que c'est un marché qui ne peut pas être accepté. Et si c'est pour allonger encore la durée de cotisations, ce serait quand même un paradoxe que pour pouvoir revenir sur la loi, on soit amené à la durcir", a-t-il souligné. "Donc je conseille vivement au Premier ministre de rester silencieux sur la négociation entre les partenaires sociaux", a-t-il conclu.

Interrogé pour savoir si un durcissement de la réforme des retraites pourrait faire tomber le gouvernement, il a rappelé sa position : "Ne pas dire censure, censure, censure". Mais "il y a une parole qui a été donnée. Il faut qu'elle soit respectée et donc le Premier ministre doit avoir cette parole à l'esprit, parce que ce qui compte, c'est la stabilité du pays", a encore asséné François Hollande. "Il faut qu'il y ait des conditions qui permettent cette stabilité", ajoute l'ex-président, demandant à François Bayrou de "ne pas compliquer la tâche qu'il a lui même voulue".