La colère des agriculteurs gronde. Depuis jeudi soir, plusieurs dizaines d'exploitants bloquent l'autoroute A64, qui relie Toulouse à Bayonne, à hauteur de Carbonne. Des manifestations provoquées par des charges financières et des normes environnementales jugées trop lourdes ainsi que par la hausse progressive de la fiscalité sur le gazole non routier (GNR). "Cette colère est légitime [...] ces revendications ne sont pas nouvelles et notre travail n'est pas nouveau non plus. Nous ne partons pas d'une feuille blanche", a déclaré Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement, invitée de La Grande interview Europe 1-CNews lundi.
"On doit" continuer à protéger les agriculteurs
"On peut et on doit continuer à protéger les agriculteurs et continuer d'avancer sur les enjeux sanitaires et environnementaux, aussi bien pour les agriculteurs mais pour l'ensemble des Français. Faisons de cette année 2024, l'année des fiertés. Retrouvons un peu cette capacité à être fiers, en tant que Français. Fiers de ce que nous sommes, fiers de ce que nous avons été et fiers de ce que nous devons continuer à être ensemble. Un peuple résilient, un peuple combatif, capable de regarder les difficultés qui sont face à nous, non pas de s'apitoyer dessus, mais d'y travailler ensemble. Et c'est bien ce qui va se passer aujourd'hui à Matignon", a déclaré la ministre en charge du Renouveau démocratique.
Face à cette colère, le Premier ministre reçoit ce lundi soir à Matignon la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles) et les Jeunes agriculteurs. Le projet de loi agriculture, qui devait initialement être dévoilé mercredi, a été repoussé par son ministre Marc Fesneau. L'idée est désormais de muscler le texte en ajoutant notamment un volet "simplification" au sujet des réglementations imposées à la profession.
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Le RN, "le parti du mensonge et de la paresse"
À cinq mois des élections européennes, l'exécutif veut à tout prix éviter une nouvelle crise. D'autant qu'une partie du monde agricole s'est tournée vers le Rassemblement national. Jordan Bardella, président du parti et tête de liste aux Européennes, a exhorté le gouvernement à faire passer une loi de patriotisme économique, voyant dans la grogne du monde agricole, "un mouvement de colère" contre l'Union européenne "qui veut la mort de notre agriculture". Pour Prisca Thevenot, le Rassemblement national est "le parti du mensonge et de la paresse".
"Si on sait ce qu'est le Rassemblement national, regardons peut-être ce qu'ils font et ça, on n'en parle pas assez. Ils passent leur temps à aller devant les caméras pour nous dire de défendre l'intérêt des Français. Peut-être qu'au lieu de le dire, ils devraient le faire", a-t-elle tonné.
"Ils n'ont pas voté pour le bouclier tarifaire et maintenant, ils réclament son maintien. Il y a quelques semaines, dans l'hémicycle, ils se sont alliés avec La France insoumise pour venir mettre à mal la compétitivité et l'attractivité de nos TPE et de notre PME françaises", a énuméré Prisca Thevenot avant de conclure que "faire campagne, c'est bien, quand on est élu, siéger, c'est mieux".