Depuis sa nomination au ministère de l’intérieur, Gérald Darmanin a fait de la lutte contre les séparatismes l’un de ses chevaux de bataille. C’est plus vrai encore depuis le terrible assassinat de Samuel Paty, vendredi à Conflans-Sainte-Honorine, par un terroriste islamiste. Mardi soir, l’hôte de la place Beauvau a longuement développé sa vision de l’action pour mettre fin au communautarisme. "Moi ça m’a toujours choqué d’arriver dans un hypermarché et de voir un rayon de telle ou telle cuisine communautaire et de telle autre à côté", a notamment lâché Gérald Darmanin. La sortie peut paraitre étonnante, mais le phénomène est tout sout sauf anodin, selon lui : "C’est comme ça que ça commence le communautarisme, je pense."
Dans le viseur du ministre se trouvent les entreprises, plus que les consommateurs. "Qu’on aille dans un hypermarché casher ou halal pour acheter des produits, chacun peut le faire. Où est le problème ?", a-t-il affirmé. "Mas ces grandes entreprises françaises qui ont organisé le marketing direct, à mon avis, ils n’ont pas parlé à un type de population parce qu’ils avaient envie de lui offrir telle ou telle consommation respectable, mais parce qu’ils ont eu envie de gagner de l’argent sur le communautarisme. Et moi, personnellement, ça me choque. Si on peut demander des comptes aux hommes politiques, on peut aussi dire au capitalisme qu’il peut être de temps en temps patriote", a attaqué Gérald Darmanin.
"Ce n'est pas parce qu’on a des parts de marché en flattant quelques bas instincts qu’on a rendu service au bien commun"
Car le ministre de l’Intérieur a élargi son propos au-delà des simples grandes surfaces. "Le capitalisme français, le capitalisme mondial ont une responsabilité", a-t-il jugé. "Quand on vend des vêtements communautaires, peut-être qu’on a une petite responsabilité dans le communautarisme. Lorsqu’on prête de l’argent à des associations ou des entreprises très communautaires, peut-être qu’il y a une petite responsabilité", a martelé Gérald Darmanin.
"Il y a dans la société civile des gens qui doivent comprendre que c’est pas parce qu’on a des parts de marché en flattant quelques bas instincts qu’on a rendu service au bien commun", a encore insisté l’ancien maire de Tourcoing. "J’appelle les chefs d’entreprise qu’eux aussi peuvent contribuer à la paix publique et au fait qu’on peut lutter contre le séparatisme."
Des réactions outrées ou ironiques
Ces déclarations du ministre de l'Intérieur n'ont pas manqué de faire réagir dès mercredi matin sur les réseaux sociaux. Parmi les réactions outrées ou ironiques figurent notamment celle de l'essayiste Caroline Fourest, ou de la sénatrice socialiste Laurence Rossignol.
Hors sujet et pas sérieux. Ce n’est pas le moment de mélanger le communautaire et le communautarisme, mais de viser l’intégrisme et le séparatisme ! https://t.co/bdw2W2izNf
— Caroline Fourest (@CarolineFourest) October 21, 2020
Dans le viseur du ministre de l’intérieur : les rayons halal, thaï, kasher, indien, asiatique... Sans oublier le rayon bio, ce repère de la cuisine communautaire Amish ! #OnEstBienGouvernéhttps://t.co/hL8Dv1TMy3
— Laurence Rossignol (@laurossignol) October 21, 2020