Après de longues heures de tractation, le remaniement attendu depuis plusieurs semaines a été dévoilé jeudi en milieu d’après-midi. Et il a réservé son lot de surprises. Le portefeuille le plus convoité, celui des Affaires étrangères, laissé vacant par Laurent Fabius parti au Conseil constitutionnel, a été confié à Jean-Marc Ayrault, qui devient là le premier ancien Premier ministre à redevenir ministre sous la même législature.
Le nouveau gouvernement Valls comprend ainsi 38 ministres et secrétaires d'Etat contre 32 dans le précédent avec 19 hommes et 19 femmes. La parité est donc respectée.
Les principales infos à retenir :
- Jean-Marc Ayrault devient ministre des Affaires étrangères
- Trois écologistes, dont Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d'EELV, font leur entrée au gouvernement
- François Hollande s’expliquera aux 20-Heures de TF1 et France 2 jeudi soir
Le retour de Jean-Marc Ayrault
Beaucoup de noms ont circulé, mais c’est finalement Jean-Marc Ayrault qui hérite du portefeuille des affaires étrangères, après le départ de Laurent Fabius à la présidence du Conseil constitutionnel. Celui qui fut nommé Premier ministre par François Hollande en mai 2012 revient donc au gouvernement, et c’est une première sous la 5e République. Jamais un ancien hôte du gouvernement n’avait réintégré le gouvernement sous la même mandature présidentielle. Reste à savoir comment Jean-Marc Ayrault s’entendra avec celui qui l’a remplacé, Manuel Valls, désormais son nouveau patron.
Trois écologistes font leur entrée
A quinze mois de l’élection présidentielle, François Hollande avait l’envie, et le besoin, d’élargir sa base politique. L’arrivée d’écologistes au sein du nouvel exécutif paraissait dans cette optique indispensable. Ils sont finalement au nombre de trois. Jean-Vincent Placé, nommé au secrétariat d’Etat à la Réforme de l'Etat, Barbara Pompili, qui hérite de la biodiversité, et surtout Emmanuelle Cosse. Ironie du sort, la désormais ex-secrétaire d'Etat nationale d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) est la nouvelle ministre du Logement, un poste occupé avant elle par sa camarade Cécile Duflot, avant le départ de cette dernière du gouvernement au moment de la nomination de Manuel Valls en mars 2014. Une chose est sûre : cette nomination créera des remous au du sein du parti écologiste. Par ailleurs, la gestion de dossiers sensibles, comme celui de Notre-Dame des Landes, s’annonce compliquée.
La confiance du Président de la République m'honore. Heureuse de poursuivre au #Gouvernement mon engagement pour une écologie en action.
— Emmanuelle Cosse (@emmacosse) February 11, 2016
Une parité respectée mais...
Outre les écologistes, plusieurs femmes font leur entrée dans le gouvernement. La conseillère à la culture de François Hollande, Audrey Azoulay, est nommée ministre de la Culture et de la Communication, en remplacement de Fleur Pellerin. Hélène Geoffroy, députée PS du Rhône, est nommée secrétaire d'Etat chargée de la Ville. Estelle Grelier, députée socialiste de Seine-Maritime, devient secrétaire d'Etat chargée des Collectivités territoriales. La députée de la Réunion, Ericka Bareigts, prend elle le poste de secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité réelle. La porte-parole du PS, Juliette Méadel est nommée secrétaire d'Etat chargée de l'Aide aux victimes. Des secrétaires d'Etat du précédent gouvernement prennent aussi du galon : Laurence Rossignol, secrétaire d'Etat à la famille, à l'Enfance et au Droit des femmes, est nommée ministre de la Famille tandis que Annick Girardin, secrétaire d'Etat au Développement et à la Francophonie, est nommée ministre de la Fonction publique. Des nominations qui permettent à François Hollande et à Manuel Valls d'avoir un gouvernement paritaire même si aucune de ces femmes n'est à la tête d'un ministère régalien.
Les sortants : Pellerin, Pinel, Lebranchu et Fabius
C'est une surprise, Fleur Pellerin quitte son poste de ministre de la Culture et de la Communication. Elle est donc remplacée par Audrey Azoulay, la conseillère à la culture de François Hollande. La ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique, Marylise Lebranchu quitte elle aussi son poste. En revanche, leur départ du gouvernement avait été annoncé. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a quitté mercredi son poste pour la présidence du Conseil constitutionnel. Sa consœur au logement, Sylvia Pinel, qui a été nommée première vice-présidente de la région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, avait elle aussi laissé entendre qu'elle quitterait son poste.
Jean-Michel Baylet entre au gouvernement
Le président du Parti radical de gauche (PRG) Jean-Michel Baylet fait lui aussi son entrée au gouvernement. Il prend la tête du ministère de l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales. Un autre PRG, Thierry Braillard, reste secrétaire d'Etat chargé des Sports.
Heureux de m'investir dans ce #Ministère renforcé pour + d'efficacité au service des élus, de nos concitoyens et des #territoires. 1/2
— Jean-Michel BAYLET (@JMBaylet) February 11, 2016
Emmanuel Macron, la déception
Il ambitionnait un poste élargi. Emmanuel Macron reste ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique mais il ne récupère pas, comme il l'espérait les Finances, toujours dans le giron de Michel Sapin. Il est même rétrogradé dans l'ordre protocolaire du gouvernement puisqu'il passe de la 11ème place à la 13ème place.
Emmanuel Macron rétrogradé dans l'ordre protocolaire du gvt... Derrière Emmanuelle Cosse. Baylet lui devance Cazeneuve #synthèse
— Antonin André (@antoandre) February 11, 2016
Hollande aux 20-Heures
Avec ce remaniement, le chef de l’Etat lance le sprint final vers la présidentielle de 2017. La cote de popularité du chef de l'Etat s'est effondrée ces dernières semaines après une remontée spectaculaire au lendemain des attentats du 13 novembre. Et la majorité a étalé au grand jour ses divisions lors de la discussion de la révision constitutionnelle à l'Assemblée. Autant de sujets qui seront abordés dans la soirée par le président de la République en personne, lors des 20-Heures de TF1 et France 2.