En raison du conflit en Ukraine, les prix de l'alimentation pourraient bientôt flamber en France. "Pas de risque de pénurie, mais un risque de prix" en raison de la hausse du coût des matières premières, a concédé Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation. "Nous sommes dans une économie de guerre sur le sol européen", ce qui engendre "la fameuse inflation qu'on constate tous au jour le jour en faisant nos courses", a-t-il poursuivi.
D'après lui, si le pays ne manquera pas de denrées, c'est "parce que la France est un pays indépendant dans son alimentation", c'est même "la puissance de notre modèle agricole grâce à nos agriculteurs".
Pour que ça ne change pas, tout en limitant la hausse des prix, le gouvernement entend "mettre en place une aide visant à diminuer la facture de production" pour les agriculteurs. "Un agriculteur a des coûts de production et ces coûts engendrent ensuite l'inflation", a expliqué Julien Denormandie au micro de Jean-Pierre Elkabbach. Ce coup de pouce à l'agriculture française s'élève à 400 millions d'euros.
Mais le ministre met en garde : l'État ne peut être le seul garant du pouvoir d'achat des Français. "Là où le gouvernement aide les éleveurs, les agriculteurs et les pêcheurs, il faut absolument que les industriels et la grande distribution jouent le jeu et prennent une part de cette inflation", a-t-il exhorté, "pour s'assurer qu'à la fin, nos agriculteurs puissent être rémunérés". Et d'ajouter que "si les agriculteurs ne peuvent pas se payer, on n'a plus d'agriculture, on n'est pas souverain en alimentation".
"Ouragan de famine"
Dans le détail, Julien Denormandie rappelle que la France est un pays exportateur concernant le blé, "il n'y a donc, vis-à-vis du blé, aucun risque de pénurie", puisque "nous sommes même un pays excédentaire". En revanche, le gouvernement a une "grande inquiétude à l'international" : "Il y a très clairement un risque de crise alimentaire majeure, notamment dans les 12 à 18 prochains mois." Et de rappeler que le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a parlé mi-mars d'un potentiel "ouragan de famine" dans les années à venir.
Pour le ministre français de l'Agriculture et de l'Alimentation, "c'est incroyablement vrai dans certains pays, notamment en Afrique, qui sont des pays dépendants des importations de blé russe et qui, au même moment, subissent une terrible sécheresse". L'Égypte par exemple, "80% de son approvisionnement en blé dépend soit de la Russie, soit de l'Ukraine".