Emmanuel Macron a sans doute rêvé d’une rentrée plus tranquille. Mais après la publication de sondages de popularité en berne, des affaires gênantes, notamment celle concernant la ministre de la Culture Françoise Nyssen, voilà la démission fracassante, mardi matin, de Nicolas Hulot. Un véritable séisme politique qui ne sera évidemment pas sans conséquences pour le président de la République. D’abord parce qu’il faudra bien remplacer le ministre de la Transition écologique. Ensuite parce qu’il s’agissait là de l’un des membres du gouvernement les plus populaires. Enfin parce qu’Emmanuel Macron perd là une caution, écologiste bien sûr, mais aussi de gauche.
Ce départ "accentue le rétrécissement de son assise politique". "C’est une difficulté supplémentaire pour Emmanuel Macron, une difficulté nouvelle", confirme le politologue Olivier Duhamel. "En termes d’effets électoraux, les conséquences sont assez faibles. Mais ce départ s’inscrit dans une séquence politique qui n’est pas bonne pour le président de la République. Il accentue le rétrécissement de son assise politique, dans un contexte où les sondages de popularité sont en baisse constante", poursuit l’animateur de Mediapolis, sur Europe 1. Et de citer le cas de Christian Estrosi, jusqu’alors plutôt bienveillant avec Emmanuel Macron, mais qui s’est récemment affiché aux côtés de Valérie Pécresse, volontiers critique envers le chef de l’Etat.
Hulot "irremplaçable". Désormais, Emmanuel Macron doit remplacer Nicolas Hulot. Pas simple. "L’idéal aurait été de l’anticiper par le biais d’un remaniement plus vaste", glisse Olivier Duhamel. Mais ni le président de la République, ni son Premier ministre Edouard Philippe n’ont cru leur ministre quand il a menacé lundi soir, une énième fois, selon les informations d’Europe 1, de démissionner.
Et voilà le couple exécutif face à un problème de taille. "Trouver un remplaçant à ce niveau de popularité, et issu de la société civile, ce sera évidemment impossible. Il n’y a qu’un seul Nicolas Hulot, et il est irremplaçable", assène Olivier Duhamel, qui relativise, toutefois. "On voit bien que l’élément essentiel de la popularité est la notoriété. Et au final, ce n’est pas si important que cela. Son maintien pendant plusieurs mois n’a d’ailleurs pas permis à Emmanuel Macron de conserver une popularité intacte", explique le politologue.
"La meilleure solution serait d’opérer un remaniement plus large". Si la démission de Nicolas Hulot est un coup dur pour Emmanuel Macron, cela pourrait aussi être une opportunité. "Pour lui, la meilleure solution serait d’opérer un remaniement plus large, et ainsi pouvoir écarter des ministres plus gênants, dont l’une qu’il ne sert à rien de nommer tant c’est évident", assure Olivier Duhamel, qui pense, sans la citer, à Françoise Nyssen. "Il pourrait le faire, donc il devrait le faire. Mais il faudra qu’il passe au-dessus de son amour-propre de contrôle des horloges", conclut le politologue.
C’était avant que l’Elysée lui donne raison. La présidence de la République a en effet annoncé en milieu de matinée qu’il y aurait un remaniement, mais pas "dans l’immédiat". Histoire, comme toujours, de ne pas se faire dicter le tempo par les événements.