Le Conseil d'État a validé mardi l'expulsion de l'imam Hassan Iquioussen. Le Maroc est prêt à l'accueillir, le laissez-passer consulaire a été délivré, même si pour l'heure l'imam est recherché par la police française. Europe 1 s'est rendue à Casablanca, où la nouvelle de cette expulsion commence à se répandre. Mercredi matin, on peut apercevoir le visage du prédicateur à la télévision. "L'imam a été puni", rapporte la chaîne d'information 2M. "Le ministre de l'Intérieur français bombe le torse", écrit le journal Al Bayane. Les Marocains le découvrent.
"La France se débarrasse du problème"
Ceux avec qui Europe 1 a pu discuter n'ont jamais entendu le nom d'Hassan Iquioussen. Beaucoup, dans le centre-ville, haussent les épaules à l'évocation du sujet. Mais Zakia, 27 ans, a été très surprise. Cette jeune Casablancaise, assise avec ses amies sur un trottoir, thé fumant à la main, ne comprend pas pourquoi la France l'expulse. "Il faut qu'il reste là-bas. Il a fait des trucs là-bas, [donc] normalement [ce sont les Français] qui doivent les gérer", assure-t-elle. "Il ne doit pas revenir ici, il doit être puni là-bas. Je ne comprends pas."
Mohammed, patron d'un restaurant à 200 mètres de la grande mosquée de la ville, n'en revient pas. Accueillir ce prédicateur au Maroc, pour lui, c'est hors de question. "La France doit prendre ses responsabilités, le juger là-bas. S'il mérite la prison, c'est la prison. Le renvoyer au Maroc n'a pas de sens, la France se débarrasse du problème", tonne-t-il.
"Il doit respecter la République"
Tous ne sont pas du même avis. Mohamed travaille ici. Ce Marocain habillé d'une longue tunique bleue et blanche estime que l'imam mérite sa sentence. "Je m'en fous qu'il revienne ou pas. La France est en train de former des imams pour qu'ils tiennent des propos normaux", retrace-t-il. "C'est un étranger qui vit en France, il doit respecter la République. Si cet imam tient des propos haineux, je ne suis pas d'accord avec lui."
Quand Mokhtar est sorti de la prière, il a tout de suite allumé la radio de son taxi rouge pour suivre l'affaire. Ce chauffeur casablancais, casquette sur la tête, approuve la décision d'expulser l'imam. "C'est normal, c'est leur pays et il faut protéger le pays. Un proverbe français serait 'Bienvenue chez nous, mais n'oubliez pas que vous êtes chez nous'. Il faut respecter les coutumes. Si vous avez quelqu'un qui est nuisible chez soi, il faut l'éviter. C'est normal", témoigne-t-il.
Selon les informations d'Europe 1, lorsque qu'Hassan Iquioussen sera arrêté en France puis envoyé en centre de rétention administrative, il devra être rapatrié à Casablanca. Ce n'est pas par hasard : l'imam, réputé proche des Frères musulmans, aurait de la famille sur place du côté de sa femme. Il devrait directement être remis aux mains des forces de l'ordre à la sortie de son avion.