Dans un contexte où le bateau d'une ONG allemande se trouve dans les eaux internationales, au large de Malte, avec 230 personne à son bord et où les chefs d'États européens se réunissent dimanche à Bruxelles pour un sommet sur les questions migratoires, Jacques Toubon s'exprime une nouvelle fois sur les migrants. Dans une interview au Journal du Dimanche, le Défenseur des droits dénonce la restriction du droit d'asile et la remise en question des principes et des valeurs de l'Europe "depuis deux siècles".
Alors que le Lifeline, qui a secouru 230 personnes en mer, attend qu'une solution diplomatique se dessine, le Défenseur des droits revient sur l'épisode de l'Aquarius. "La réponse qu'il fallait donner à l'errance de [ces] migrants était une réponse humanitaire", martèle-t-il. "Accueillir ces personnes dans l'urgence [...] les accueillir d'abord, observer leur situation administrative ensuite", poursuit le Défenseur des droits. Des paroles qui ressemblent à s'y méprendre au discours tenu par la députée LREM Sonia Krimi, outrée du silence de l'exécutif.
Les raisonnements fondateurs de l'Europe "mis à mal". Nommé Défenseur des droits par François Hollande en 2014, l'ancien ministre de Jacques Chirac a fait de la défense des migrants son cheval de bataille. Il critique "la peur" et "l'idée de submersion", un concept "faux", selon lui. "Le solde migratoire en France est nul sur la période des trente dernières années", précise-t-il. En avril dernier, Jacques Toubon avait déjà battu cette idée en affirmant que la France était le 16 ème pays européen à accueillir des migrants. "[Ces idées] mettent à mal les raisonnements fondés sur les principes et les valeurs qui sont ceux de l'Europe depuis deux siècles", s'inquiète le Défenseur des droits.
"Les demandeurs d'asile sont mal traités". Concernant la loi Asile et Immigration, actuellement en examen au Sénat, Jacques Toubon estime qu'"à force de lutter contre l'arrivée de ceux qui ne seraient pas légitimes à être accueillis, on finit par restreindre le droit d'asile". "Je ne fais ni morale ni politique", je regarde si les textes sont conformes aux principes : or dans cette loi, les demandeurs d'asile sont mal traités".