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Après l'affaire du meurtre de Philippine, et d'autres plus anciennes, comme l'affaire Lola, la question des délinquants sous OQTF presse de nouveau la classe politique à agir. Le gouvernement a annoncé ce dimanche une nouvelle loi immigration. Mais pour Thibault de Montbrial, il faut aller plus loin, avec un "grand plan d'urgence" sécuritaire.

L'accumulation des affaires impliquant des délinquants soumis à des obligations de quitter le territoire français (OQTF) est-elle l'illustration de défaillances dans le système français ? Alors que le meurtre de Philippine a bousculé la classe politique sur cette question, le gouvernement a annoncé dimanche une nouvelle loi sur l'immigration, dont l'examen pourrait démarrer dès "début 2025" au Parlement, un an seulement après le précédent texte sur le sujet qui avait fracturé la majorité à l'Assemblée nationale.

"Il faut une justice et une police qui marchent d'un même pas"

"Il y aura besoin d'une nouvelle loi", notamment pour permettre "la prolongation" de "la rétention administrative" des étrangers clandestins jugés dangereux, a expliqué la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon. Est-ce cependant suffisant ? Pour Thibault de Montbrial, avocat et président du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure et invité de la Grande interview Europe 1-CNews, il faut mettre en place un "grand plan d'urgence" sécuritaire.

"On a sur notre territoire un nombre de gens étrangers qui sont en situation irrégulière et qui bénéficient soit de dysfonctionnements législatifs, soit de dysfonctionnements administratifs, soit d'un cumul entre les deux. Et la priorité, il me semble, c'est de protéger notre population. Mais il faut accélérer", estime-t-il au micro de Sonia Mabrouk.

"Il faut une justice et une police qui marchent d'un même pas, un ministre de l'Intérieur et un Garde des Sceaux qui avancent dans la même direction, avec la même philosophie et la même volonté de faire les mêmes choses, c'est-à-dire de protéger clairement les Français. Le temps des ambiguïtés, des ambivalences, des petits arrangements politiques est passé", poursuit-il.

Débat sur une nouvelle loi immigration

Mais plusieurs personnalités politiques ont déjà émis des réticences quant à la mise en place d'une seconde loi immigration, notamment Gabriel Attal, dorénavant chef de file des députés macronistes. Une démarche qu'il juge "pas totalement prioritaire". "Faire une loi pour une loi, ça n'a pas de sens", a-t-il déclaré sur France inter ce lundi. "On a adopté une loi il y a moins d'un an sur l'immigration, avec des mesures dont certaines ne sont pas encore en vigueur puisque les décrets ne sont pas encore sortis", a-t-il complété.

"Je ne comprends pas comment quelqu'un qui a été Premier ministre, qui a prôné l'autorité, qui a été courageux à l'Éducation nationale dans sa lutte contre l'abaya, peut venir dire aujourd'hui qu'une nouvelle loi sur l'immigration n'est pas une priorité", a quant à lui réagi Thibault de Montbrial. 

Une des pistes envisagées est de faire passer la durée maximale de rétention de 90 à 210 jours, ce qui n'est possible pour le moment qu'en matière d'infractions terroristes. "Allonger la durée de rétention, on l'a fait. On l'a fait passer de 45 à 90 jours" par une loi de 2018, a répondu Gabriel Attal.