Loi Travail, économie, Brexit, Notre-Dame-des-Landes... Dans un entretien aux Echos à paraître jeudi, le chef de l'État François Hollande réagit sur tous les sujets d'actualité. Une interview largement dominée par les thématiques économiques. Mais pas seulement.
- Loi Travail : 49-3 si nécessaire, la CGT "victime" des violences
Le président réaffirme d'abord que l'article 2 de la loi Travail, au centre de la contestation, "sera maintenu dans sa rédaction actuelle" et que le gouvernement aurait à nouveau recours au 49-3 si besoin devant l'Assemblée. Interrogé sur la CGT, souvent mise en cause par les politiques, le chef de l'Etat estime que dans les manifestations qu'elle organise, "elle n'est pas responsable des violences, elle en a même été la victime".
- Une baisse d'impôt envisagée en 2017 pour les classes moyennes
Sur le plan des mesures économiques, François Hollande détaille également la baisse d'impôt qu'il souhaite mettre en place pour 2017, ciblée sur les classes moyennes et dans la limite de 2 milliards d'euros, tout en rappelant qu'il fallait pour la mettre en place 1,7% de croissance l'année prochaine. "Si, malgré le Brexit, la croissance était de 1,7% en 2017, ce geste fiscal, qui ne pourrait être supérieur à 2 milliards d'euros, viendrait s'ajouter aux allègements accordés depuis 2014 et qui ont d'ores et déjà concerné 12 millions de contribuables", estime le chef de l'Etat dans le quotidien économique, ajoutant avoir pour "préférence" une "mesure ciblée pour les classes moyennes".
- La prime à l'embauche dans les PME prolongée en 2017
Autre annonce : la prime à l'embauche pour les PME de moins de 250 salariés sera prolongée en 2017. "Nous allons franchir dans quelques jours le seuil des 500.000 embauches dans le cadre de ce dispositif. C'est un succès au bénéfice de l'emploi et des entreprises et j'ai donc décidé de le prolonger sur l'ensemble de l'année 2017, comme d'ailleurs le mécanisme du suramortissement des investissements", déclare le chef de l'Etat.
- Entreprises : pas de suppression de la C3S en 2107 mais "relèvement" du CICE
La contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) ne sera quant à elle finalement pas totalement supprimée en 2017, au profit notamment d'un "relèvement" du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE). Cette possibilité qui n'avait pas encore été arbitrée pour l'année prochaine prévoit que 5 milliards d'euros du Pacte de responsabilité seront finalement consacrés "au relèvement du CICE - qui sera porté à au moins 7% de la masse salariale (6% aujourd'hui, ndlr) - et à la baisse de l'impôt sur les société pour les PME".
- 1,6% de croissance et au moins 200.000 créations d'emplois en 2016
François Hollande mise par ailleurs sur 1,6% de croissance et au moins 200.000 créations d'emplois en France en 2016. "Il y a bien une reprise en France et un début d'inversion de la courbe du chômage. C'est un fait indiscutable. Notre croissance sera supérieure à 1,6% cette année, ce qui nous permettra de créer au moins 200.000 emplois. Le Brexit aura surtout un impact défavorable pour le Royaume-Uni et c'est par le biais d'une éventuelle récession outre-Manche qu'il peut y avoir un risque pour la zone euro et pour la France. Nous devons les conjurer par un soutien encore plus consistant à l'investissement privé comme public", déclare le chef de l'Etat.
- Brexit : "rendre la place financière de Paris plus attractive" y compris fiscalement
En conséquence du prochain départ du Royaume-Uni de l'Union européenne, François Hollande souhaite "adapter" les règles françaises "y compris fiscales pour rendre la place financière de Paris plus attractive". "Le Royaume-Uni redevenant un pays tiers, le passeport financier européen devra disparaître, de même que ce sera la fin du passeport commercial et du passeport européen tout court", a rappelé le chef de l'Etat, ajoutant : "et nous devons adapter nos règles, y compris fiscales, pour rendre la place financière de Paris plus attractive".
- Pas de référendum UE en France
Il met par ailleurs en garde les "apprentis sorciers" qui plaident pour un référendum sur l'Europe en France et estime que "le rendez-vous démocratique sur l'Europe aura lieu lors de la prochaine présidentielle", en 2017. "Pourquoi organiser un tel tumulte et une telle confrontation, si ce n'est pour quitter l'Union européenne ? Les mensonges, les simplifications, les outrances et même les violences que l'on a constatées pendant la campagne référendaire au Royaume-Uni ne suffisent donc pas à ces apprentis sorciers ? Il ne s'agit évidemment pas de se méfier du peuple. Mais le rendez-vous démocratique sur l'Europe, il aura lieu en France lors de la prochaine présidentielle".
- Notre-Dame-des-Landes : les travaux engagés "prochainement", "la ZAD sera évacuée"
Concernant un autre référendum, celui du projet d'aéroport sur le site de Notre-Dame-des-Landes, "les travaux s'engageront prochainement dans le respect du droit et la ZAD sera donc évacuée", affirme François Hollande après la victoire du "oui" dimanche, lui qui avait déjà promis après le vote de "respecter" le résultat du référendum organisé dans le seul département de la Loire-Atlantique.
- Les projets de la droite, "beaucoup d'inconséquence et peu de justice"
Les projets des candidats à la primaire de la droite sont "éminemment dangereux pour notre modèle social" et il y a "beaucoup d'inconséquence et peu de justice", dénonce-t-il par ailleurs. Il n'y a "aucune" distinction entre les programmes d'Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et consorts. "La différence" se fait "essentiellement sur l'Europe et sur l'identité nationale. Mais pour le reste, c'est, si je puis dire, un fonds commun de mauvais placement".
- L'élection de Trump serait dangereuse et "compliquerait les rapports" Europe/USA
Enfin, François Hollande s'exprime sur la possibilité de voir le candidat républicain Donald Trump remporter la présidentielle américaine. Un scénario qui "compliquerait les rapports entre l'Europe et les Etats-Unis", estime-t-il. "Ceux qui affirment que Donald Trump ne peut pas être le prochain président des Etats-Unis sont les mêmes qui prétendaient que le Brexit ne serait jamais voté. Ses slogans diffèrent peu de ceux de l'extrême droite en Europe et en France : peur de la déferlante migratoire, stigmatisation de l'islam, mise en cause de la démocratie représentative, dénonciation des élites... alors même que Donald Trump, par sa fortune en est l'incarnation la plus évidente", déclare le chef de l'Etat, en ajoutant que "oui", son entrée à la Maison-Blanche serait dangereuse.