Ce jeudi, le président de la République, Emmanuel Macron, a dévoilé les grands axes du projet de loi pour une industrie plus verte. Il sera présenté le 16 mai en Conseil des ministres. Le chef de l'État souhaite que ce projet de loi industrie verte permette de "déclencher 20 milliards d'investissements sur le territoire national d'ici 2030". Des acteurs de l'industrie française sont présents comme des chefs d'entreprise, des associations et plusieurs ministres comme Bruno Le Maire ou bien Roland Lescure.
Un bonus automobile qui prendra en compte "l'empreinte carbone"
Le bonus écologique à l'achat d'une voiture électrique sera réformé pour "prendre en compte l'empreinte carbone" de leur production et ainsi favoriser les véhicules fabriqués en Europe, a annoncé jeudi Emmanuel Macron.
Dans l'automobile, secteur où la Chine est de loin le premier pays producteur au monde de véhicules électriques mais s'appuie pour cela sur une production d'énergie reposant encore en grande partie sur le charbon, il s'agit de soutenir "les batteries et les véhicules qui sont produits en Europe parce que leur empreinte carbone est bonne", a-t-il expliqué, en présentant à l'Elysée sa stratégie pour "accélérer" la "réindustrialisation" du pays.
Les critères d'attribution de ce bonus écologique réformé seront définis d'"ici la fin de l'année", selon le chef de l'Etat. Il s'agira également de prendre en compte l'intégration de matériaux recyclés ou biosourcés dans la production des véhicules, selon le ministère de l'Economie. "Les constructeurs devront donc justifier qu'ils respectent ces critères écologiques requis pour pouvoir bénéficier du bonus écologique", selon lui.
Bercy dit avoir élaboré un modèle permettant d'évaluer l'empreinte carbone de la construction d'un véhicule, "de la batterie à la construction du moteur". Le bonus écologique constitue une aide financière attribuée à tout acquéreur ou locataire (titulaire d'un contrat de location d'une durée supérieure ou égale à deux ans) d'un véhicule électrique, à hydrogène ou combinant les deux. Le coût d'achat doit être inférieur à 47.000 euros.
700 millions d'euros pour améliorer les formations aux "métiers d'avenir"
Emmanuel Macron a annoncé jeudi que 700 millions d'euros allaient être engagés pour installer les formations au plus près des étudiants, notamment dans des plus petites villes et dans les "métiers en tension". "700 millions d'euros seront engagés dès les prochains jours et dans l'année à venir pour faire évoluer la carte des formations à tous les niveaux de diplôme", a-t-il dit en présentant un plan de réindustrialisation de la France.
"Ce sont des formations adaptées aux besoins, au plus près du terrain et qui permettent aussi de conjurer une autre forme d'inégalité, l'éloignement pour beaucoup de familles des lieux d'études qui impliquent des coûts en logement et transport", a-t-il ajouté. Il faut "développer de la formation, parfois plus courte (...) au plus près de l'endroit où on habite, parfois dans des sous-préfectures, des petites préfectures", a-t-il insisté.
Ce programme "va être relancé en faisant évoluer la carte des 149 territoires qui ont marché et nous allons investir 100 millions d'euros dès cette année", a indiqué Emmanuel Macron, qui souhaite ainsi appuyer "des projets de réindustrialisation à fort impact territorial" dans des territoires "encore plus en difficulté, plus loin encore".
Lancé à l'occasion du Conseil national de l'industrie en novembre 2018, ce programme, à travers lequel élus et industriels ont construit des plans d'action, a permis de bâtir 2.000 actions, avec "environ 50.000 emplois qui sont en cours de création", selon l'Etat.
"Un crédit d'impôt industrie verte"
Emmanuel Macron annonce la création d'un "crédit d'impôt industrie verte" notamment pour les technologies comme les batteries, les éoliennes ou encore les panneaux solaires. Ce crédit d'impôt qui fera partie du projet de loi industrie verte "permettra de déclencher 20 milliards d'investissements sur le territoire national d'ici 2030", selon le président de la République.
Macron demande une "pause réglementaire européenne" sur les contraintes environnementales
Emmanuel Macron a appelé jeudi à "une pause réglementaire européenne" en matière de contraintes environnementales, estimant que l'Union européenne avait fait "plus que tous les voisins" et qu'elle avait désormais "besoin de stabilité".
"On est devant, en termes règlementaires, les Américains, les Chinois ou toute autre puissance au monde", a estimé M. Macron. "Il ne faut pas qu'on fasse de nouveaux changements de règles, parce qu'on va perdre tous les acteurs", a encore plaidé le chef de l'État, soulignant que cela faisait peser des "risques" sur les "financements" de projets, lors d'un discours sur la réindustrialisation de la France.
Ces différentes annonces se veulent la mise en musique française de la riposte européenne à la politique très volontariste, sinon protectionniste, établie par Joe Biden aux États-Unis pour soutenir l'industrie et la transition énergétique. Emmanuel Macron avait été à l'automne en première ligne pour pousser le Vieux Continent à s'armer face à cette concurrence, ainsi que face à la montée en puissance chinoise.
Vendredi, le chef de l'État doit se rendre dans le Nord pour visiter l'usine Aluminium Dunkerque, "le plus gros producteur d'aluminium primaire d'Europe", selon l'Elysée. Il doit aussi "officialiser de nouveaux investissements", dont l'implantation par le groupe taïwanais ProLogium d'une quatrième usine de batteries pour véhicules électriques en France, pour une entrée en production à partir de la fin de 2026.