Les politiques et les sondages, c'est toute une histoire d'amour vache. Adulés et abondamment cités lorsqu'elles jouent en leur faveur, les enquêtes d'opinion sont dénigrées quand ce n'est pas, ou plus le cas. La France insoumise vient de franchir un pas supplémentaire, comme le révèle Le Figaro.
Leurs méthodes de redressement seraient plus fiables
"Nous utilisons les mêmes méthodes que celles des instituts pour des sondages en ligne, nous nous procurons le même type de fichiers qu'eux et nos militants dédiés connaissent parfaitement les techniques", explique un cadre dirigeant au quotidien. L'objectif, pour la France insoumise, est de ne plus dépendre des enquêtes réalisées par les instituts traditionnels, dont "les méthodes de redressement" sont "inconsidérées", estime cette même source. En vrac, LFI dénonce des redressements effectués sur la base des européennes de 2014, et non de la présidentielle 2017, pendant laquelle Jean-Luc Mélenchon avait fait un meilleur score.
"Les sondages font partie du problème de la démocratie, dans le sens de l'autoréalisation", regrettait d'ailleurs le député LFI Eric Coquerel sur Europe 1 début mars. "Dis-moi qui commande le sondage, je te dirai le résultat. Vous avez tel institut de sondage qui donne un résultat, et en général vous avez un côté moutonnier." Et l'élu d'en conclure que son parti était "sous-estimé" dans ce genre d'études.
Pas une pratique interdite
Le fait qu'un mouvement politique se lance dans l'élaboration de ses propres sondages est nouveau en France, mais pas à l'étranger, où la pratique est courante. Ce n'est d'ailleurs pas interdit par la Commission des sondages, sous réserve de respecter "les règles de l'art", indique celle-ci au Figaro.
Selon une source interne à LFI, la première enquête ainsi réalisée donne à la liste de Manon Aubry un score "à deux chiffres" pour les européennes, quand elle n'est créditée que de 8% des intentions de vote dans les sondages traditionnels.