Une interview pour s'adresser à la jeunesse. Vendredi, Emmanuel Macron a accordé un entretien d'environ 2h30 au média en ligne Brut, prisé notamment par la jeunes. Un échange au cours duquel le chef de l'État a abordé des sujets aussi variés que les violences policières, la guerre d'Algérie, le climat, le glyphosate, le coronavirus, ou encore les Ouïghours. Si 70% des personnes qui ont regardé cette interview ont moins de 35 ans, les thèmes abordés reflètent-ils vraiment la réalité des préoccupations de ceux qu'Emmanuel Macron a surnommé la "génération Covid" ?
Pour la secrétaire d'État à la jeunesse, l'interview est un succès
"Oui", affirme au micro d'Europe Soir week-end Sarah El Haïry, secrétaire d'Etat à la jeunesse. "C'est un président qui a parlé à des jeunesses, je l'ai trouvé très sincère et il a rappelé à chaque jeune que l'État est là et qu'il aidera tout le monde, personne n'est seul."
Un sentiment qui n'est pas forcément partagé
Mais force est de constater que la jeunesse visée par le président ne fait pas la même analyse que la membre du gouvernement. C'est notamment le cas de Rayane, étudiant en sciences sociales qui passe le confinement chez ses parents à Forbach. Invité d'Europe Soir pour débattre avec Sarah El Haïry il estime que la tentative du président est un échec. "Parler des violences policières, de l'article 24 du projet de loi sécurité globale, du président turc Erdogan... Je ne pense pas que se soient des sujets pour la jeunesse."
Décrivant la précarité de ses amis étudiants et leur détresse psychologique - qu'il ressent lui-même vis-à-vis du marché du travail -, il n'a pas "eu l'impression que le président voulait s'adresser à la jeunesse."
"Si vous avez des amis qui ont besoin d'aide, ils doivent se faire connaître", lui rétorque alors Sarah El Haïry. "La semaine dernière, on a encore annoncé 56 millions d'euros pour le plan d'aide d'urgence aux étudiants", rappelle-t-elle. "Notre objectif est de venir en aide à l'ensemble de nos jeunesses."
"Il n'est pas venu pour répondre à nos questions mais pour nous dire quoi faire et quoi penser"
Également invité à débattre, Clément, un Grenoblois de 17 ans, a lui été très déçu par le chef de l'État. "Il n'est pas venu pour répondre à nos questions mais pour nous dire quoi faire et quoi penser", tacle-t-il en faisant référence pêle-mêle aux mesures de la convention citoyenne contre le climat ou aux discriminations contre la police.
Une charge que Sarah El Haïry trouve "un peu injuste", notamment sur la question environnementale. Rappelant que la convention citoyenne est "une première pour notre pays", la secrétaire d'État pointe également que "tout le plan de relance à un regard vert". Et d'abonder : "On n'a jamais eu un État aussi fort, aussi présent, aussi protecteur. Il faut être juste et éviter les réponses hâtives et radicales."