Pour le gouvernement, il s'agissait de "reformuler, simplifier et enrichir" les propos d'Élisabeth Borne. Matignon a défendu mardi le recours à une "convention" habituelle visant à "éviter des contre-sens" après avoir modifié une interview aux Échos de la ministre des Transports à propos de la SNCF. Le journal avait refusé de la publier, mi-mars.
"Spécificité française". "Le principe des relectures des interviews est une convention qui ne date pas d'aujourd'hui et qui permet d'éviter d'éventuels contre-sens dans la retranscription des entretiens", a-t-on indiqué dans l'entourage du Premier ministre Édouard Philippe. Pour Matignon, la pratique controversée "s'explique largement par la spécificité française de résumer les entretiens sous la forme de questions-réponses, alors que les médias anglo-saxons insèrent des citations sans les modifier dans le corps des articles". "Souvent, les ministres concernés eux-mêmes profitent de la relecture pour reformuler, simplifier ou enrichir. C'est ce qui s'est passé avec l'interview de la ministre des Transports", affirme-t-on de même source.
Une pratique contestée au sein des rédactions. Lundi soir, le quotidien économique avait révélé avoir renoncé à publier une interview "pourtant prudente" d'Élisabeth Borne car elle avait été "tellement réécrite par les services du Premier ministre".
Très bon récit du conflit SNCF dans @LesEchos, où l'on apprend au passage qu'une interview, "pourtant prudente", d'Elisabeth Borne "a été tellement réécrite par les services du Premier ministre que les « Echos » refusent de la publier le 13 mars."https://t.co/iIIhI5RkF1pic.twitter.com/xrgafPGaMc
— Pascal Riché (@pascalriche) 2 avril 2018
Le refus est venu nourrir le débat sur une pratique de plus en plus contestée au sein des rédactions, mais qui comprend aussi ses défenseurs. Mi-janvier, le quotidien La Voix du Nord a décidé de mettre fin à la pratique de relecture des papiers par les personnalités interrogées, en soulignant qu'elle devenait un "exercice de réécriture pour la plupart" des cas. Édouard Philippe a depuis accordé une interview, effectivement non relue, au journal du nord de la France.