Vers la création d'un concordat avec l'islam ? Bernard Cazeneuve a mis le sujet sur la table samedi dernier lors d’un séminaire gouvernemental à l’Elysée. Le ministre part du constat suivant : dans le cadre de la loi de 1905, il est très difficile pour la puissance publique d’offrir un cadre à la pratique de la religion musulmane. Les lieux de culte bâtis en France avant 1905 sont pour bon nombre la propriété des communes qui donc, en assurent la rénovation et participent financièrement à l’organisation du culte. Ce qui se justifie parce que la puissance publique est le garant de sa bonne pratique.
Si l'on finance, on contrôle. Mais aujourd’hui l’islam est devenu la deuxième religion de France, quand en 1905, elle n’était pas sur la photo. La construction des mosquées et leur entretien dépendent donc bien souvent de financements étrangers. Sauf en Alsace ou en Moselle où le concordat permet à la puissance publique de participer bien plus aisément au financement des mosquées. C’est cela qui interpelle le ministre de l’Intérieur. Puisque si l'on finance, on contrôle. Même chose pour la formation des imams. L’Etat ou les collectivités locales auraient une relation bien plus étroite avec le culte musulman et donc plus de facilités à endiguer les phénomènes de radicalisations.
Crainte de la caricature. L'idée du concordat n'est pourtant pas portée publiquement haut et fort par crainte de la caricature. En résumé, cela pourrait donner : "ils ont fait des attentats et donc maintenant on va leur donner de l’argent". Pourtant cette idée du concordat pourrait être une solution performante pour rassembler, apaiser, réconcilier. A l’Elysée, on confie que la réflexion du ministre de l’Intérieur est la bienvenue, comme tout ce qui peut aider à la concorde, mais qu’elle n’est pas du tout à l’ordre du jour des priorités du Président.
Le CFCM contesté. Autre problème de taille : l’organisation hiérarchique de l’islam n’existe toujours pas. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) créé en 2003 par Nicolas Sarkozy est l’interlocuteur officiel de l’Etat, mais il est contesté au sein même de la communauté musulmane. Tant que ce sera le cas, il sera impossible de réorganiser la relation entre la République et l’Islam. Probablement paie-t-on aussi aujourd’hui le fait de ne pas l’avoir fait il y a 20 ou 30 ans.