"Œuvrer à un cessez-le feu" : le président Emmanuel Macron organisait jeudi une "conférence humanitaire" pour tenter de débloquer l'aide vers Gaza, constamment bombardée par Israël depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre, sans grande avancée en l'absence du gouvernement israélien et de hauts dirigeants arabes. Un responsable militaire israélien a assuré qu'il n'y avait "pas de crise humanitaire dans la bande de Gaza", tout en reconnaissant de "nombreuses difficultés" pour les civils palestiniens.
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"C'est à la protection des civils qu'il nous faut travailler. Il faut pour cela une pause humanitaire très rapide et il nous faut œuvrer à un cessez-le-feu", a déclaré le chef de l'État français devant les représentants d'une cinquantaine de pays et d'organisations humanitaires. Si Israël a "le droit de se défendre et le devoir de protéger les siens", son gouvernement a aussi "une éminente responsabilité (...) de respecter le droit et protéger les civils".
La France porte son aide à 100 millions d'euros
Annoncée à la hâte la semaine passée, la conférence réunissait en majorité des représentants de second rang, en l'absence du gouvernement israélien. Elle visait à aboutir à un diagnostic commun sur la situation et à mobiliser partenaires et bailleurs. La France va porter son aide de 20 à 100 millions d'euros, a ainsi indiqué Emmanuel Macron. L'ONU estime les besoins en aide pour la population de Gaza et de Cisjordanie à 1,2 milliard de dollars jusqu'à fin 2023.
Mais aucune promesse n'a de sens sans la possibilité pour les camions d'aide de pénétrer dans la bande de Gaza. Et les organisations humanitaires, représentées en force, ont dénoncé l'impossibilité d'apporter de l'aide tant que se poursuivent les bombardements sur Gaza. "On ne peut plus attendre une minute de plus pour un cessez-le-feu humanitaire à Gaza et la levée d'un siège qui est une punition collective pour un million d'enfants ", a tonné Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). "La loi est violée sous nos yeux des deux côtés."
"Pas de consensus sur un cessez-le-feu immédiat"
Après la conférence, une dizaine d'ONG ont exprimé leur amertume lors d'une conférence de presse commune. "On est assez déçus car il n'y a pas eu de consensus sur un cessez-le-feu immédiat (...). Au delà de l'aide mobilisée, l'enjeu est de la faire rentrer à Gaza", a estimé Jean-François Corty, vice-président de Médecins du Monde. "Si la seule chose qu'on obtient, c'est seulement une ou deux journées de trêve, c'est insuffisant", a renchéri Isabelle Dufourny, présidente de Médecins sans frontières France. "La mise en place de secours sur le champ de bataille, c'est impossible".
"L'absence flagrante d'un appel fort en faveur d'un cessez-le-feu immédiat sape l'objectif même de ce rassemblement et le réduit à un simple geste symbolique", a estimé de son côté Cécile Duflot, directrice générale d'Oxfam France, dans un communiqué.
Netanyahu avait exclu un cessez-le-feu sans libération des otages
Les appels à des "pauses", "trêve" ou "cessez-le-feu" se sont multipliés ces dernières semaines pour faciliter l'accès de l'aide et la libération des plus de 240 otages capturés par le Hamas sur le sol israélien. Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait de nouveau exclu un cessez-le-feu sans la libération des otages mercredi. "Ce que le gouvernement israélien fait dépasse de loin le droit à l'autodéfense", a dénoncé à Paris le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri.
"Combien de Palestiniens doivent être tués pour que la guerre s'arrête ? Tuer 6 enfants, 4 femmes par heure est suffisant ?", a tonné de son côté le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh, réclamant de "mettre fin au double standard". "Les Nations unies n'ont jamais enregistré autant de morts en aussi peu de temps dans un conflit", a fait valoir pour sa part Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), évoquant près de cent morts dans ses rangs.