"Je me définis comme écologiste. Une écologiste de terrain". Elle a succédé cette semaine à François de Rugy, poussé à la démission après plusieurs "affaires" révélées par Mediapart. Elisabeth Borne est la nouvelle ministre de la Transition écologique, elle ne fait déjà pas l'unanimité, mais elle entend bien se défendre.
"L’écologie n’est pas la propriété de quelques-uns"
Le patron d'Europe-Écologie-Les Verts, Yannick Jadot, l'a notamment taxée de "cynisme". "Celle qui, ministre des Transports, a confirmé le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin, une gigantesque gabegie de 26 milliards d'euros, va-t-elle être celle qui va permettre d'investir dans les transports du quotidien plutôt que dans des grands projets extrêmement coûteux, servant davantage les industries du BTP que les Français ?", s'est interrogé le député européen dans Ouest France.
Dans une interview donnée au Journal du dimanche, la nouvelle ministre n'entend pas se laisser décrédibiliser. "Je le prends avec beaucoup de sérénité. Les mêmes critiquaient Nicolas Hulot avant d’essayer de se prévaloir de son soutien aux Européennes", tacle-t-elle. "L’écologie n’est pas la propriété de quelques-uns, c’est un enjeu porté très largement dans la société, par les élus, les partenaires sociaux... Je n’ai pas de leçons à recevoir de ceux qui passent leur temps à décerner des brevets d’écologie. Le cap est fixé, c’est la neutralité carbone, et c’est la priorité de l’acte 2 du quinquennat. Mon rôle, c’est de trouver les réponses concrètes et le chemin pour y arriver", martèle-t-elle encore.
"Pour moi, ce sont des réalités vécues"
Celle qui a déjà travaillé pour Ségolène Royal au même ministère, après avoir dirigé la stratégie de la SNCF et été nommée à la tête de deux préfectures (Poitou-Charentes et Vienne) entend bien prouver qu'elle connaît bien son sujet. "En tant que préfète dans une région rurale par exemple, j’ai géré des problèmes d’eau, de nitrates, travaillé sur la rénovation énergétique des logements. Ce ne sont pas des théories pour moi, ce sont des réalités vécues".
Mais elle le reconnaît : la tâche s'annonce immense, et elle aura besoin du soutien de tous. "Les Français vont devoir changer leurs comportements, ce qui n’est pas simple ; des filières professionnelles aussi vont devoir modifier leurs habitudes", assure la nouvelle ministre de la Transition écologique. Et de se montrer rassurante : "Ma préoccupation constante sera de ne laisser personne sur le bord de la route et d’avancer avec les Français".
Pour les Français, le bilan est mauvais
Selon un sondage IFOP paru dans le "JDD", les Français jugent sévèrement l'action de l'exécutif sur l'environnement. Seuls 24% des sondés jugent que le bilan d'Emmanuel Macron est "positif", contre 46% pour Nicolas Sarkozy un an après son arrivée au pouvoir et 33% pour François Hollande. Ils sont 73% à juger ce bilan négatif, et 3% seulement à ne pas se prononcer.