L’actuel patron du PS doit être, sauf surprise reconduit jeudi soir à la tête du parti socialiste. Son texte programatique, soutenu par Manuel Valls et Martine Aubry, un exploit lorsque l’on connaît leur inimitié, a été adopté jeudi dernier à 60% des voix. Désigné il y a un peu plus d’un an par François Hollande, Jean-Christophe Cambadélis devrait être cette fois-ci adoubé par le vote des militants. Le graal pour celui qui a cherché à obtenir ce poste toute sa vie. Portrait en cinq anecdotes d’un apparatchik du PS.
1. Un rêve qui lui a longtemps échappé : secrétaire du PS
C’était son rêve et il lui a échappé par trois fois. Jean-Christophe Cambadélis voulait être patron des socialistes mais il lui a fallu s’armer de patience. En 1997, il rate son coup une première fois. Proche de Lionel Jospin, il est propulsé à Matignon avec la dissolution et espère se voir confier le parti. Mais le Premier ministre lui préfère François Hollande, qui y restera onze ans. En 2011, Cambadélis veut de nouveau y croire. Les sondages pour la présidentielle de 2012 s’envolent avec son mentor Dominique Strauss-Khan. Mais l’affaire Nafissatou Diallo le coupe une nouvelle fois dans son élan. En 2012, il y croit, son heure est enfin venue. Encore raté. La faute à la "la bandes des quatre" - Manuel Valls, Stéphane Le Foll, Pierre Moscovici et Pierre Peillon- qui lui préfèrent Harlem Désir. Ce n’est qu’après la défaite du PS aux élections municipales de 2014 et l’entrée d’Harlem Désir au gouvernement qu’il prend finalement les rênes du parti.
2. Un grand amateur de culture… gaucher et dyslexique
Né d’un père diamantaire d’origine grecque et d’une mère picarde employée à la Banque de France, Jean-Christophe Cambadélis a grandi en banlieue parisienne. Gaucher, il en gardera une profonde dyslexie. On lui avait ainsi attaché la main gauche dans le dos pour qu’il écrive avec sa main droite. Le jeune Cambadélis se réfugie alors dans la culture. La danse d’abord. Il a pratiqué la danse classique au conservatoire de Sarcelles de 6 à 16 ans en même temps qu’il jouait troisième ligne au rugby pour faire plaisir à son père. Il crée aussi sa propre compagnie de danse au lycée, La troupe, se réclamant de Béjart et Grotowski. Il joue aussi au théâtre et dévore les livres. En 2013, il écrira sur sa déclaration de patrimoine posséder une bibliothèque de 8.000 livres. L’homme est aussi un grand amateur de cyclisme, fan de Jacques Anquetil. Dans un portait chinois réalisé parL’Opinion, il déclarait ainsi qu’il serait Jacques Anquetil s’il était quelqu’un d’autre car "il n’était pas le plus fort mais il triomphait grâce à sa science de la course".
3. Sa première interview n’est pas politique
On aurait pu penser que la première fois que la presse s’intéressa au jeune Cambadélis fût pour des motifs politiques. La réalité est toute autre. Et bien loin de la France. L’histoire se passe au Canada. Son père y est parti chercher fortune. Jean-Christophe Cambadélis a alors 8 ans. Alors que des amis l’appellent par la fenêtre, il se penche et la moustiquaire cède. Le petit "Camba", comme on le surnomme au PS, chute de près de quatre étages. Heureusement, le toit d’une voiture amortit sa dégringolade. Dès le lendemain, les journaux du pays en parlent et Jean-Christophe Cambadélis donne sa première interview. Plus tard, il écopera à Solférino d’un surnom prédestiné, "Le Chat", car il retombe toujours sur ses pattes.
4. Un ancien de l’OCI et de l’Unef
Jean-Christophe Cambadélis n’est pas né au Parti socialiste, loin de là. Son engagement premier est à chercher encore plus à gauche. En 1971, il adhère à l’Alliance des jeunes pour le socialisme (AJS), la structure jeune de l’Organisation communiste internationaliste (OCI) qui deviendra le Parti communiste internationaliste (PCi), organisation trotskiste lambertiste. Ce n’est qu’en 1986 qu’il arrive au PS, avec dans ses bagages, 400 cadres du mouvement trotskiste réunis au sein du groupe "Convergences socialistes". Bien avant cette date, le jeune Cambadélis a aussi été à la tête de l’Unef, le syndicat étudiant dont il a participé à la renaissance.
5. Des affaires gênantes
Comme nombre de politiques, le patron du PS a son lot "d’affaires". Il y a d’abord les plus anciennes: l’affaire Agos et l’affaire MNEF, toutes les deux portant sur un emploi fictif. En 2000, poursuivi pour recel d’abus de biens sociaux dans la première, l’affaire Agos, une société gestionnaire de foyers de travailleurs immigrés, il est condamné à cinq mois de prison avec sursis et 100.00 francs d’amende. En 2006, il est condamné dans l’affaire Mnef du nom de la mutuelle étudiante où il est soupçonné d’avoir bénéficié d’un emploi fictif entre 1991 et 1995. Plus récemment, en septembre 2014, Jean-Christophe Cambadélis est accusé par Médipart d’avoir obtenu frauduleusement un doctorat de troisième cycle, soutenu en 1985 à l’université Paris VII. L’usurpation résiderait dans le fait qu’il ne possédait pas les diplômes nécessaires pour prétendre à un doctorat. Des informations catégoriquement démenties par le patron des socialistes qui a produit sur son blog tous les documents visant à prouver sa bonne foi. L’Université Paris VII a depuis affirmé que le doctorat de Jean-Christophe Cambadélis avait été obtenu "de manière tout à fait régulière".