Gouvernement Barnier : Agnès Pannier-Runacher passe de l'Agriculture à la Transition écologique et à l'Energie
Agnès Pannier Runacher, ministre déléguée sortante à l'Agriculture et désormais à la tête de la Transition écoologique et de l'Énergie, devra prendre en main plusieurs dossiers en souffrance : la transition des territoires malgré les coupes budgétaires ou encore le plan national d'adaptation au changement climatique.
La députée macroniste Agnès Pannier-Runacher , ministre déléguée sortante à l'Agriculture, a été nommée samedi ministre de la Transition écologique et à l'Energie en remplacement de Christophe Béchu dans le gouvernement de Michel Barnier, a annoncé le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler.
Cette haute-fonctionnaire de formation, élue députée pour la première fois en juillet à Arras, ne siègera donc pas à l'Assemblée nationale. Elle devra prendre en main plusieurs dossiers en souffrance : la transition des territoires malgré les coupes budgétaires, le plan national d'adaptation au changement climatique, etc. Son portefeuille est élargi : outre la transition écologique, il comprend l'énergie, le climat et la prévention des risques.
Entrée au gouvernement par une porte discrète en 2018
Son portefeuille est élargi : outre la transition écologique, il comprend l'énergie, le climat et la prévention des risques. Cette diplômée d'HEC et Sciences Po fut d'abord inspectrice des Finances à sa sortie de l'École nationale d'administration (ENA), avant de passer par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, la Caisse des dépôts et BpiFrance. Elle rejoint ensuite le privé en 2011, chez l'équipementier Faurecia puis en 2013 la Compagnie des Alpes, leader mondial des domaines skiables.
En octobre 2018, elle entre au gouvernement par une porte discrète, le secrétariat d'État à l'Économie. Passée à l'Industrie en 2020, elle gère les ravages de fermetures d'usines, puis les pénuries liées au Covid. A la faveur du plan de relance, elle porte les prémices d'une réindustrialisation qui se voudrait verte et décarbonée, encourageant au passage les femmes à embrasser les carrières industrielles.
Mais c'est au ministère de la Transition énergétique nouvellement créé qu'elle gagne en notoriété, à partir de mai 2022. Chargée de mettre sur les rails la stratégie énergétique de la France qui consacre la relance du nucléaire, elle doit aussi gérer les menaces de black-out à l'hiver 2022/2023 ou la flambée des prix de l'énergie... À l'échelle européenne, elle défend une réforme du marché de l'électricité préservant le nucléaire français. Chargée des négociations climatiques internationales, elle défend l'atome à la COP28 de Dubaï en 2023.
Défenseure de la construction, décriée, de retenus d'eau
Durant son passage au ministère de l'Agriculture, elle prend en main la refonte du plan Ecophyto sur les pesticides, le nouvel indicateur controversé censé mesurer la baisse de leur usage et les recherches d'alternatives. Elle défend aussi la construction, décriée, de retenues d'eau pour l'agriculture. Et elle s'investit sur le revenu des agriculteurs (via le dossier des négociations commerciales), tout en s'opposant aux prix planchers réclamés par la Confédération paysanne, car jugés impraticables.
>> LIRE AUSSI - Des «prix planchers» pour «protéger le revenu agricole» : «Une fausse bonne mesure», estime Stéphane Le Foll
Malgré un état d'esprit "conquérant", selon un témoin de ses premiers pas à Bercy, elle attendra 2020 pour se frotter aux suffrages des électeurs. Sa première tentative, sur une liste macroniste à Paris en 2020, est un échec. En 2022, elle envisage d'affronter le Rassemblement national à Lens, dans le bassin minier. Mais c'est finalement son compagnon, Nicolas Bays, ancien député PS du Pas-de-Calais où ils ont formé une famille recomposée, qui mènera la bataille - en vain.
A la faveur de la dissolution, elle candidate dans la circonscription d'Arras et s'impose face au RN après le retrait du candidat du Nouveau Front populaire au 2e tour. Avec l'exposition politique et médiatique, sont aussi venues des révélations sur des parts détenues par ses enfants dans la société pétrolière Perenco liée à des paradis fiscaux, en lien avec leur grand-père maternel. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a depuis blanchi la ministre.