La séquence est intéressante pour les deux partis d'opposition, en grande difficulté et en quête d'un nouveau souffle. Chez Les Républicains, désormais représentés par le très clivant Laurent Wauquiez, le Conseil national a été marqué, samedi, par des remous sur la composition des instances. Au Parti socialiste, quatre candidats vont s'affronter pour le poste de premier secrétaire. Objectif pour les deux partis : rassembler, bâtir un nouveau projet et regagner du terrain sur l'hégémonique Emmanuel Macron.
Deux familles politiques, un même objectif. Pour le politologue Bruno Cautres, interrogé dans la Matinale d'Europe 1 dimanche, les tourments des deux partis "nous montrent à quel point c'est difficile pour les deux oppositions, celles qui viennent de l'ancien monde, de se reconstruire progressivement". "Elles partagent au fond une même difficulté : comment peut-on reconstruire un projet dans la France de l'après-élection d'Emmanuel Macron. Pour elles, il s'agit de montrer qu'elles peuvent repartir par le bas, et nous dire qu'Emmanuel Macron représente un pouvoir détaché des réalités, trop parisien. Ces deux familles politiques vont essayer de montrer qu'en retournant à leurs fondamentaux, elles peuvent remonter la pente", analyse le chercheur au Cevipof.
"Le clivage gauche-droite est faussement mort". Durement marqués après les défaites successives à la présidentielle et aux législatives, le PS et LR doivent faire "renaître une nouvelle génération, porteuse d'un message politique qui ne sera pas 'on retourne vers ce qu'on a toujours su faire'", estime Bruno Cautres. Une recomposition politique, poussée par le modèle En Marche!, qui ne signifie pas pour autant la disparition totale du fameux "clivage gauche-droite". "Le clivage gauche-droite, au fond, est faussement mort. Il existe toujours, mais il a été pris en défaut sur sa traduction partisane. Mais sur les valeurs, l'idéologie, ça continue d'exister. Le clivage gauche-droite est dans l'ombre, mais il n'attend que de se réveiller", avance le politologue.
Ranimer le débat politique. Difficile toutefois pour les nouveaux leaders de l'opposition de faire réellement entendre leurs voix. Invité de L'Emission politique jeudi, Laurent Wauquiez n'a attiré qu'1,5 million de téléspectateurs, soit la plus faible audience de l'histoire du programme. Faut-il y voir un désintérêt, une lassitude des Français pour le jeu politique ? "On est dans l'après-présidentielle, où on a été surexposés à l'information politique. Aujourd'hui, on est effectivement un peu dans le repli. Mais je ne doute pas que les échéances électorales qui vont arriver - les municipales et les européennes - vont redonner aux Français le goût du débat public", suppose Bruno Cautres. "On verra à ce moment-là de quelle manière Laurent Wauquiez et le futur leader du Parti socialiste vont s'y prendre pour animer le débat".