La France est "en train de sortir durablement" de la crise sanitaire due au Covid-19, a estimé lundi le Premier ministre Jean Castex, dans un entretien au Parisien. "Je le dis de la façon la plus claire : nous sommes enfin en train de sortir durablement de cette crise sanitaire", déclare le chef du gouvernement. Mais même si "nous touchons au but", cette sortie "va se faire de façon progressive, prudente et accompagnée", souligne-t-il.
La levée du couvre-feu le 30 juin reste "notre objectif"
Pour cela "notre dispositif est équilibré" et prévoit "des mesures de freinages au cas où la situation épidémique déraperait localement", poursuit Jean Castex. Interrogé sur la possibilité d'une "quatrième vague" épidémique, il estime qu'il ne faut "rien exclure et rester hyper vigilants", et assure que la France est à cet égard parmi les pays les plus exigeants en Europe". "Nous avons aussi procédé à des commandes de vaccins qui permettraient de faire un rappel vaccinal à l'automne, si cela était nécessaire", ajoute-t-il.
Quant à une fin définitive de l'épidémie, "certains scientifiques nous disent que ce sera le cas d'ici un an environ", ajoute le Premier ministre, mais "nous avons progressé pour nous mettre à l'abri de ses effets les plus lourds". A propos de la levée du couvre-feu le 30 juin, le chef du gouvernement indique que "l'histoire de cette épidémie nous apprend à être prudent, mais c'est bien notre objectif".
Une jauge de 50% des capacités d'accueil au restaurant
A partir du 19 mai "on va pouvoir retrouver les terrasses, retourner au théâtre, au cinéma, au musée… avec des règles, certes, mais la vie commencera à reprendre son cours !", se félicite-t-il. "En terrasse par exemple, il y aura une jauge de 50 % de la capacité d'accueil. Il faudra être assis, six à table maximum, sans aller à l'intérieur de l'établissement. Au cinéma ou au spectacle, la règle sera 1 siège sur 3, avec un plafond de 800 personnes par salle", précise le chef du gouvernement.
S'agissant des commerces, "tous rouvriront, y compris les grands centres commerciaux, avec une jauge de 8 m2 par client". Les marchés couverts rouvriront également "dans ces mêmes conditions", ceux en plein air "avec une jauge de 4 m2". Pour les rassemblements privés, "nous maintenons la recommandation de six personnes pour la période de mai-juin, et nous la réévaluerons d'ici l'été".
Des "fan zones" avec un protocole sanitaire adapté pour l'Euro
Le Premier ministre se dit aussi "optimiste" sur l'objectif de 20 millions de personnes vaccinées "au sortir du week-end de l'Ascension", même si les "hésitations" autour du vaccin AstraZeneca "nous ont fait baisser de rythme. Le "pass sanitaire", en cours d'examen parlementaire, doit être réservé "aux grands événements qui rassemblent environ plus de mille personnes au même moment", promet-il. Il ne sera pas exigé "dans les lieux de travail, d'enseignement, dans les services publics, les musées, les bibliothèques, les grands magasins, les marchés, les lieux de vacances ou encore les lieux de cultes".
Au chapitre sportif, il pourra y avoir des "fan zones" pour l'Euro de football, mais avec "un protocole sanitaire adapté. Quant au Tour de France, "on n'imposera pas le pass sanitaire pour les spectateurs au bord des routes, Ce serait d'ailleurs impossible". Pour la levée des mesures de soutien économique, le chef du gouvernement promet "progressivité" et "adaptabilité".
"On ne débranchera pas les dispositifs brutalement" et "nous ferons du sur-mesure pour tenir compte des différences de situation", promet-il.
"L'exceptionnelle violence" de LR critiquée
Egalement interrogé par Le Parisien sur l'échec de l'accord entre la majorité présidentielle et le président sortant de PACA Renaud Muselier, Jean Castex dénonce "l'exceptionnelle violence" du parti les Républicains. "J'ai vu un parti politique tirer à boulets rouges contre" cet accord, "allant jusqu'à dire que s'allier avec le RN ou avec la majorité présidentielle, ce serait la même chose. C'est tout simplement sidérant", déplore le Premier ministre.
Dans cet entretien, Jean Castex qualifie enfin de "manœuvre politique" de "l'extrême droite" la nouvelle tribune de militaires, tout en exprimant sa "confiance dans l'Armée". "C'est une tribune politique d'extrême droite, appelons un chat un chat", s'insurge le Premier ministre, avant de critiquer l'anonymat des signataires. "Qu'ils s'affichent et qu'ils assument s'ils considèrent que l'essentiel est en jeu", a-t-il insisté.