L'exécutif se mobilise pour tenter d'éteindre la colère du monde agricole. Le Premier ministre Gabriel Attal, confronté à sa première crise depuis sa nomination le 11 janvier, recevra avec son ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs ce lundi soir à 18 heures. "Nos agriculteurs ne sont pas des bandits, des pollueurs, des personnes qui torturent les animaux, comme on peut l'entendre parfois", avait-il lancé samedi dans le Rhône, en signe d'apaisement.
Des charges financières et des normes environnementales jugées trop lourdes
Mais la colère gronde et la profession attend des mesures concrètes. Depuis jeudi soir, plusieurs dizaines d'exploitants bloquent l'autoroute A64, qui relie Toulouse à Bayonne, à hauteur de Carbonne, en Haute-Garonne. Des manifestations provoquées par des charges financières et des normes environnementales jugées trop lourdes. La hausse progressive de la fiscalité sur le gazole non routier (GNR) amplifie le ras-le-bol.
La profession échaudée par les reports successifs du projet de loi agriculture
La profession est échaudée par les reports successifs du projet de loi agriculture, promis il y a plus d'un an par Emmanuel Macron et finalement moins ambitieux que la "loi d'orientation agricole" initialement annoncée. Dimanche, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a annoncé un nouveau délai. Le texte, qui devait être présenté mercredi en Conseil des ministres, ne le sera que dans "quelques semaines" avec pour objectif d'être débattu au Parlement "au premier semestre 2024". Sa présentation pourrait intervenir juste avant l'ouverture du Salon de l'agriculture, le 24 février prochain.
Le projet de loi que doit présenter le gouvernement entend favoriser le renouvellement des générations en agriculture, une nécessité à l'heure où la population des près de 500.000 chefs d'exploitation vieillit. Il sera complété pour permettre une "simplification" du mille-feuille de réglementations imposées à la profession, a promis dimanche Marc Fesneau.
Le vote agricole courtisé par le Rassemblement national et Les Républicains
L'exécutif veut à tout prix éviter de voir se développer une crise de type "Gilets jaunes", à cinq mois des élections européennes. D'autant que le vote agricole est très courtisé, en particulier par le Rassemblement national et Les Républicains.
Dès le milieu de la semaine dernière, Emmanuel Macron avait appelé le gouvernement à analyser la colère pour y répondre. Plusieurs ministres se sont donc déployés sur le terrain ce week-end pour s'afficher au travail sur les multiples sujets de crispation. Le chef de l'État a également mis les préfets à contribution. Ils doivent faire remonter, ce lundi, les synthèses de leurs rencontres avec les agriculteurs.