Interrogé par Dimitri Pavlenko, Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, s'est indigné de la réaction européenne face à la présence russe en Ukraine. "Ce qui est surprenant, c'est notre surprise. Ce qui est surprenant, c'est notre démobilisation. On est dans un monde dur et on est confrontés à un homme [Vladimir Poutine] qui défend une cleptocratie parce que c'est quand même un pouvoir qui a simplement raflé pour lui même l'ensemble et ses oligarques, l'ensemble des richesses d'un pays".
"Il ne peut pas s'accommoder de la contagion démocratique et il réagit, face à tout ce qui ressemble à une expansion démocratique des idées, par de la violence. C'est ça le monde dans lequel on est. Et maintenant, nous l'avons découvert", déclare Jean-Louis Bourlanges.
Des modifications institutionnelles du fonctionnement de l'Union européenne
Selon Jean-Louis Bourlanges, la guerre en Ukraine "change profondément les perspectives de l'Union européenne". Le président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale a également dénoncé les problèmes structurels de l'Union européenne. "Nous faisons face à une inertie institutionnelle. Nous avons cru que nous pouvions élargir sans rien changer d'important à la façon dont nous fonctionnons. On ne fonctionne pas à vingt-huit ou à vingt-sept comme on fonctionnait à six ou à neuf ou à douze, et on ne fonctionnera pas à trente-sept comme on fonctionne aujourd'hui à vingt-sept", assène-t-il au micro d'Europe 1.
Il évoque notamment un système d'adhésion différenciée à l'Union Européenne. "C'est-à-dire qu'on aura des degrés d'intégration qui ne seront pas les mêmes, entre le noyau dur que nous représentons avec les pays du Bénélux, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne également et quelques autres. Entre ceux-là et l'extrême périphérie, on va inventer des modes d'adhésion qui seront différents."
Le président de la commission des Affaires étrangères a aussi plaidé pour une modification institutionnelle du fonctionnement de l'Union européenne. "Il faut aller vers le pouvoir de la majorité, pas de la majorité simple, qui est une majorité de confrontations entre les uns et les autres, mais la majorité qualifiée qui est une majorité d'inclusion. Et sans cette réforme institutionnelle, on voit bien que les États traînent les pieds."
"Elle est nécessaire depuis la chute du mur de Berlin, on ne l'a pas fait et on ne peut pas envisager la moindre transformation du périmètre de l'Union européenne si on ne s'attaque pas à cette exigence institutionnelle", analyse aussi Jean-Louis Bourlanges.