L'alliance de gauche Nupes à l'Assemblée nationale a annoncé le dépôt d'une motion de censure mercredi à 14h30 contre le gouvernement d'Élisabeth Borne, soit juste avant sa déclaration de politique générale, ont indiqué plusieurs de ses membres. Ses signataires la présentent comme une "motion de défiance" à l'égard de la Première ministre qui n'a pas prévu de demander un vote de confiance mercredi. "Cela mettra chacune et chacun face à ses responsabilités", a affirmé devant la presse la présidente des députés LFI Mathilde Panot, qui voit dans cette motion "une question de principe" face à une cheffe du gouvernement qui "se voile les yeux".
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Un test pour la Nupes ?
Le communiste Sébastien Jumel a souligné qu'il n'était pas possible pour la gauche d'accorder la confiance "a priori", d'où cette motion de censure, "seul outil à disposition". Les quatre groupes de gauche au Palais-Bourbon - LFI, PCF, écologiste, PS - s'y associent, mais certains députés individuellement pourraient ne pas la cosigner, comme la socialiste Valérie Rabault qui a pris ses distances vis-à-vis de la Nupes. Au groupe PS, "il y a des débats en interne et la majorité a décidé de se rallier à cette proposition", a indiqué leur chef de file Boris Vallaud.
Cette motion est-elle un test pour la Nupes ? Boris Vallaud et Julien Bayou, coprésident des députés écolos, ont répondu de concert que "c'est un test pour le gouvernement". Une telle motion n'est recevable que si elle est signée par un dixième au moins des membres de l'Assemblée nationale, soit 58 députés. La Nupes compte à elle seule 151 députés.
RN et LR ne la voteront pas
La motion devra être soumise au vote de l'Assemblée nationale au moins 48 heures après son dépôt, en vertu de l'article 49-2 de la Constitution, soit vendredi en début d'après-midi au plus tôt. Pour faire tomber le gouvernement, il lui faudrait réunir une majorité absolue, ce qui paraît peu probable faute d'un rassemblement des oppositions.
Le groupe RN (89 députés) notamment n'a pas prévu de se prononcer pour. "Nous, on n'est pas là pour tout bloquer, tout casser, on est là pour proposer des solutions", selon son porte-parole Sébastien Chenu.
De même pour le groupe LR (62 députés) : "On ne se prêtera pas à ce jeu", a indiqué son président Olivier Marleix sur LCI. "Cela me paraît assez puéril comme démarche (...) et totalement inutile", a-t-il critiqué, évoquant une "stratégie de tension un peu théâtralisée" de la part de LFI. Interrogée pour savoir si elle appelait l'extrême droite à voter la motion, Mathilde Panot a répondu : "Je n'appelle personne à voter." Et Julien Bayou de renchérir : "Je ne les appelle à rien du tout, je ne les salue même pas."