LA PHOTO - En meeting au Havre, "Mélenchon se pose en conquérant"

En meeting au Havre mercredi, Jean-Luc Mélenchon a assuré qu'il continuait à tracer son propre "chemin".
En meeting au Havre mercredi, Jean-Luc Mélenchon a assuré qu'il continuait à tracer son propre "chemin". © CHARLY TRIBALLEAU / AFP
  • Copié
Mathilde Belin , modifié à
Le photographe de l'AFP Charly Triballeau a posé son objectif au meeting de Jean-Luc Mélenchon mercredi, jour où le candidat a refusé de se rallier à Benoît Hamon.

Chaque semaine, Europe1.fr vous propose un regard décalé sur la campagne présidentielle, dans l'objectif d'un photographe de l'AFP.

Il ne dévie pas de sa course à l’Élysée. Jean-Luc Mélenchon a refusé, de nouveau, de soutenir Benoît Hamon mercredi. Le socialiste avait appelé les communistes et le candidat de La France insoumise à le rallier, après que Manuel Valls a annoncé qu’il voterait pour Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle. En meeting au Havre le soir même, Jean-Luc Mélenchon a accompagné la posture au verbe et s’est montré en candidat conquérant. Charly Triballeau, photographe à l’AFP qui a saisi cet instant, détaille à Europe1.fr les coulisses de cette photo.

  • Choisir le lieu

"Je couvre tout ce qui se passe en région Normandie. Le meeting de Jean-Luc Mélenchon aux 'Docks Océane' au Havre mercredi soir, en faisait donc partie. Le candidat est arrivé en terrain conquis, bien que la mairie du Havre soit à droite. La ville est pleine de dockers et de marins, et le candidat défend une politique qui met l’accent sur l’économie marine."

  • Décrire une ambiance

"La salle est pleine à craquer. Jean-Luc Mélenchon se trouve sur un îlot central, sur son estrade, et tout le monde a le regard tourné vers lui. Il y a une gestuelle assez forte chez lui, et il donne beaucoup de rythme dans ses discours. Parfois il est calme, et parfois il pète un câble et sort les poings.

Jean-Luc Mélenchon termine son discours et fait signe à ses proches collaborateurs de le rejoindre sur scène. Ils commencent à chanter La Marseillaise. On est alors à l’apogée du meeting : tous les gens sont debout dans les gradins et acclament le candidat de La France insoumise."

  • Réfléchir au cadrage

"J’aime les meetings parce qu’on a le temps de tourner autour du candidat, de trouver différents angles. Je voulais arriver à faire une photo qui change, qui marque les esprits. Pendant le discours, j’étais dans les gradins. À la fin, je me suis rapproché au plus près de la scène, à cinq mètres environ. Je savais que s’il devait y avoir une effusion, ce serait à la toute fin du meeting. Il faut être au bon endroit au bon moment.

Je me retrouve alors du bon côté de l’îlot. Je change plusieurs fois d’angle, jusqu’à ce que je capte cet instant. Le cadrage était intentionnel : j’ai placé les projecteurs juste derrière Jean-Luc Mélenchon, pour donner de l’esthétique à la photo. Que ce soit pour les poings levés ou les projecteurs, on peut interpréter de différentes façons cette photo. Pour moi, elle dégage un moment de calme, avec le candidat qui a la tête baissée, mais elle est aussi dense et sombre."

  • Donner du sens à une image

"Je pense que cette scène était calculée… Surtout ce jour-là, où le candidat a eu une journée dense. Le matin même, Benoît Hamon l’avait appelé à le soutenir. À travers cette image, Jean-Luc Mélenchon montre qu’il tape du poing sur la table et affirme : ‘Je ne me rallie à personne, je remplis des salles, et en plus je vais rattraper Fillon…’. Jean-Luc Mélenchon est dans une démarche hyper conquérante. Cette photo en tout cas le présente comme un conquérant."