Chaque semaine, Europe1.fr vous propose un regard décalé sur l'actualité politique dans l'objectif d'un photographe de l'AFP.
Tous les ans, Laurent Wauquiez se lance à l'assaut du mont Mézenc, dans le Massif Central. Dimanche dernier, l'ascension s'est teintée d'une solennité particulière. Alors que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes avait annoncé sa candidature à la présidence des Républicains trois jours plus tôt, il a été immédiatement rallié par Virginie Calmels, première adjointe d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux.
Une prise de guerre très importante pour Laurent Wauquiez, dont la ligne politique, résolument droitière, est critiquée par une partie de son camp. Sans surprise, le duo s'est donc affiché ensemble au sommet du mont Mézenc (Valérie Calmels est à sa gauche sur la photo), comme pour illustrer le rassemblement de la droite. Le photographe Philippe Desmazes était dans la meute de journalistes qui ont pu suivre cette journée.
- Choisir le moment
Cette photo est prise après l'ascension du mont Mézenc, lorsque Laurent Wauquiez est arrivé au sommet. C'est un événement habituel mais cette année, il était avec Virginie Calmels. Il a voulu lui montrer le panorama, notamment le Mont-Blanc, et a tendu le bras. C'est à ce moment-là que j'ai appuyé sur le déclencheur. J'étais derrière la meute des autres journalistes, notamment les photographes et les cameramen. J'ai dû tenir mon appareil à bout de bras pour passer par-dessus elle. Au grand angle, avec une grande profondeur de champ, et en ayant fait une pré-mise au point, je savais que tout allait être net sur la photographie.
- Réfléchir au cadrage
Pour les premières photos, j'ai eu la chance d'être bien placé. J'étais devant, aux pieds de Laurent Wauquiez. Une fois que je me suis dit que j'avais suffisamment de clichés "académiques", j'ai voulu essayer de faire un cadrage un peu plus osé. J'ai remarqué qu'il était en chemise blanche quand tout le monde était plutôt vêtu de sombre. Je me suis donc (difficilement) extrait de la troupe pour passer derrière et faire un plan plus large. Finalement, Laurent Wauquiez ressort beaucoup et cette photo est celle de la série que je préfère.
- Lâcher l'objectif pour gérer les contraintes du travail d'agencier
Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il n'y a aucun réseau sur le mont Mézenc, donc aucun moyen de transmettre ses photos. Il y a quelques années, on pouvait encore envoyer les clichés pris à midi en fin de journée. Mais aujourd'hui, à l'heure d'Internet, des réseaux sociaux, la rapidité est un service important à fournir à nos clients. Comme je suis arrivé en avance, j'avais repéré un restaurant dans un village à une douzaine de kilomètres. Ils avaient une box et je leur ai demandé si je pouvais transmettre mes photos de chez eux après. Je suis retourné au village pendant que tout le monde mangeait pour envoyer les premières photos, celles de l'arrivée de Laurent Wauquiez et Virginie Calmels. Puis je suis remonté pour couvrir l'ascension. Après avoir pris ce cliché au sommet du mont Mézenc, je suis redescendu rapidement au village pour envoyer les images de l'après-midi.
- Donner du sens à une image
Ce cliché illustre bien ce qui s'est passé ce jour-là. Laurent Wauquiez a fait du Laurent Wauquiez, est arrivé triomphalement. Sur la photo, il est au centre, avec Virginie Calmels qu'il a montrée toute la journée comme son trophée. J'ai réussi à avoir un effet de masse autour de lui. C'est l'une de ces opérations de communication comme les hommes politiques en font tous.