Cette semaine, Manuel Valls va s’adonner à un très délicat exercice d’équilibriste. Le Premier ministre est sur un fil, au-dessus d’un gouffre… Mercredi, la journée de mobilisation contre le projet de réforme du code du Travail, porté par Myriam El Khomri, pourrait rassembler des dizaines de milliers de personnes dans la rue.
Un début de semaine marathon. Pour le gouvernement, l'enjeu est de taille. Plus les manifestations seront impressionnantes, plus il faudra céder du terrain sur le contenu de la loi. Manuel Valls doit donc calmer les syndicats en ce début de semaine. Lundi, il recevra tour à tour Philippe Louis, président de la CFTC ; Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO ; Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT ; Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT et enfin François Asselin, président de la CGPME. Mardi, il s'entretiendra avec Carole Couvert pour la CFE-CGC et Pierre Gattaz pour le Medef.
Un équilibre impossible à trouver ?Dans le JDD, dimanche, Manuel Valls a promis "des améliorations sur les deux mesures les plus contestées", à savoir l’extension du licenciement économique et la création d’un plafond pour les indemnités prud’homales. Problème : si ces deux mesures sont suffisamment assouplie, comme le souhaitent certains syndicats, c’est toute la réforme qui perd son sens et son efficacité.
La crainte de revivre le CPE. Difficile donc de savoir comment Manuel Valls peut sortir gagnant de cette semaine. Soit il tient bon sur l’esprit de la loi en risquant de mettre le feu dans la rue ; soit il cède du terrain, et on l’accusera de ne pas avoir su imposer une réforme pourtant unanimement jugée utile par les milieux économiques. Peut-être que le Premier ministre n’en est plus là. Pour lui, l'enjeu est désormais d’éviter que le projet de loi soit purement et simplement retiré, comme le demandent les étudiants et certains syndicats.
C'est ce qui était arrivé avec le CPE en 2006. Dominique de Villepin, Premier ministre de l’époque, ne s’en était jamais relevé.