L'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique, est "une erreur", a jugé vendredi l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls, député apparenté LREM, tout en saluant "la méthode du Premier ministre, qui a été faite d'écoute, de concertation".
"C'est le mauvais choix". "Je pense que c'est une erreur en effet, c'est le mauvais choix, d'avoir abandonné ce projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes", a déclaré Manuel Valls sur RTL, estimant que "ce projet était indispensable pour la métropole de Nantes, pour la région Pays de la Loire, pour la Bretagne". "Ensuite c'est une décision qui est contraire à un choix qui avait été celui des habitants en juin 2016", "il y a eu un choix qu'il aurait fallu respecter", a-t-il également souligné.
Légitimer des "minorités violentes" ? Selon l'ancien Premier ministre, cette décision peut en outre "légitimer des minorités violentes, radicales qui se sont opposées à ce projet". "Il y a des projets d'infrastructures en cours", a-t-il ajouté, citant le projet d'enfouissement des déchets nucléaires de Bure ou le projet du Lyon-Turin, "donc sans comparer les dossiers, il faut faire attention".
"Moi je ne veux pas douter de l'autorité de l'État telle qu'elle est incarnée par le président de la République ou le Premier ministre, mais en tout cas je mets en garde. Attention, parce que cette décision peut légitimer d'autres formes de violence", a insisté Manuel Valls, citant également le dossier corse.
"Ça va coûter cher". Manuel Valls a enfin estimé que "ça va coûter cher", "plusieurs centaines de millions d'euros", en raison notamment des compensations que pourraient demander l'opérateur Vinci et les élus locaux. "Il faudra trouver des compensations, or elles vont être difficiles à trouver, à travers l'agrandissement, auquel je ne crois pas, de l'actuel aéroport de Nantes", a-t-il développé.
Une évacuation de la Zad annulée au dernier moment. Revenant sur le précédent quinquennat, Manuel Valls a admis qu'Edouard Philippe "a beau jeu" de rappeler qu'il n'y avait pas eu de "prise de décision au cours du quinquennat précédent". "Il y a eu deux moments qui à mon avis auraient dû être utilisés pour évacuer la Zad", a affirmé l'ex-Premier ministre. "En septembre 2012, je le souhaitais et j'avais engagé les gendarmes sur le terrain comme ministre de l'Intérieur (...) et à l'époque, le président de la République [François Hollande] et le Premier ministre de l'époque Jean-Marc Ayrault, m'ont demandé d'arrêter cette opération", a-t-il détaillé.
"Et puis il fallait réaliser l'évacuation à l'automne 2016, quand c'était possible, quelques semaines après la consultation qui avait vu une victoire nette du 'oui'. Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur qui est un ami et que je respecte beaucoup, n'a pas voulu parce qu'il considérait qu'il y avait un danger", a poursuivi le député de l'Essonne. "Je pense que ça a été une erreur et qu'il aurait fallu le faire à ce moment-là pour faire vivre l'autorité de l'Etat".
ARCHIVES - Notre-Dame-des-Landes : aux origines du projet d'aéroport abandonné