Avec l'affaire Alexis Kohler, un autre caillou s'est glissé dans la chaussure d'Emmanuel Macron. Pour la première fois dans l'histoire, un ministre en exercice est renvoyé devant la CJR, la Cour de justice de la République. Il s'agit du garde des sceaux, Éric Dupond-Moretti, accusé d'avoir profité de sa fonction pour régler ses comptes avec quelques magistrats.
Se pose naturellement la question de son maintien au gouvernement. La question embarrasse la macronie qui ne souhaite pas gêner l'action dudit gouvernement mais qui, dans le même temps, appelle au respect de la présomption d'innocence. "Laissons la justice travailler, il y a un temps pour la justice, un temps pour les médias et il n’est pas souvent concordant. Est-ce que le ministre de la Justice est encore crédible à son poste ? Oui, nous laissons la justice se faire", assure Prisca Thévenot, députée Renaissance des Hauts-de-Seine.
"Aucune raison juridique pour qu'il démissionne"
Déjà confronté à pareille situation, Emmanuel Macron n'a pas toujours adopté la même stratégie. Si François Bayrou avait été contraint de quitter le gouvernement en 2017, Éric Dupond-Moretti est resté en poste après sa mise en examen en juillet 2021.
Pour l'opposition, le poste occupé par l'ancien ténor des prétoires pose toutefois problème dans cette affaire. "Une mise en examen ne signifie pas forcément sortie du gouvernement mais le problème, c'est qu'il est ministre de la Justice. Donc un ministre de la Justice qui a un problème avec la justice, effectivement, on pourrait imaginer qu'il se mette en retrait et qu'il sorte du gouvernement", plaide Sébastien Chenu, député RN du Nord.
Les avocats d'Éric Dupond-Moretti ont indiqué qu'ils se pourvoyaient en cassation. "Il n'y a aucune raison juridique pour qu'il démissionne", affirme même son avocat Maître Ingrain.