Pense-il encore à une défaite ? Arrivé en tête du premier tour de la primaire, Benoît Hamon est en bonne position pour être désigné candidat à la présidentielle, dimanche. Mais il ne bénéficierait pas du soutien actif de Manuel Valls, qui l'a avoué à demi-mot, vendredi : "Je ne pourrai pas défendre son programme. Je m'effacerai." La réponse de Benoît Hamon résonne, elle, comme un geste d'apaisement en vue du rassemblement : "Être loyal, c'est accepter le verdict. Qu'il s'efface, ça ne me paraît pas choquant. Il a défendu un projet politique différent, avec des options très différentes de ce que pouvait proposer Arnaud ou moi. Il serait incongru qu'il devienne porte-parole d'idées qu'il semblait combattre durant la primaire."
Calendrier déjà prêt côté Hamon. Dans les équipes de Benoît Hamon, les têtes sont déjà tournées vers le lendemain du second tour. En témoigne la feuille de route élaborée, selon L'Obs, pour les jours et les semaines qui suivent la victoire. Réunion de groupe à l'Assemblée mardi prochain, discours de rassemblement... Un grand meeting est aussi prévu le 5 février, avec 10.000 personnes, pour montrer qu'il est possible de faire jeu égal avec Emmanuel Macron. Tout est fait pour entretenir la dynamique et rassembler les socialistes. Car l'enjeu principal reste d'intégrer les autres sensibilités du PS aux équipes de campagne de Benoît Hamon.
La "main tendue" des hamonistes. Depuis dimanche, le camp Hamon multiplient donc les signes d'apaisement à l'attention de Manuel Valls et ses partisans. "On ne rentre pas dans la bataille des petites phrases", indiquait dès dimanche soir Mathieu Hanotin, directeur de campagne de Benoît Hamon. "On rassemblera au maximum, il faut être dans une attitude ouverte et tendre la main à tout le monde", jure vendredi Guillaume Balas.
Possible "droit de retrait" des députés pro-Valls. Mais côté Valls, on pense déjà au jour d'après. Les vallsistes les plus fervents, du pôle des réformateurs, préparent le terrain pour la semaine prochaine. D'abord en refusant de soutenir clairement Benoît Hamon s'il remportait le scrutin. Ensuite, en élaborant leur propre calendrier de nouveaux "frondeurs", avec une réunion mardi pour décider de leur position en cas de défaite. Soutien mesuré ou départ sans ménagement ? Ils pourraient exercer un "droit de retrait" et se rapprocher d'Emmanuel Macron pour la campagne présidentielle.
Selon l'un de ces députés, ce pôle réformateur comporte 60 parlementaires. Amputée de ces dizaines de soutiens, la campagne de Benoît Hamon pourrait-elle échouer à rassembler ? "On ne manquera pas de militants", sourit Guillaume Balas. Les proches du candidat espèrent que tous les vallsistes ne vont pas fuir vers Emmanuel Macron. "Certains d'entre eux devraient même rejoindre Benoît Hamon", veut croire son équipe.