"Il y a entre nous et l'extrême droite un fossé infranchissable" et "c'est un mauvais signal à l'égard du pays que de multiplier les signes qui vont dans leur sens", a tancé le président du MoDem François Bayrou mercredi sur BFMTV.
Cela "veut dire peu ou prou qu'on peut imaginer qu'il y ait des rapprochements", a-t-il déploré au lendemain des révélations du journal Libération sur des rencontres entre membres de la macronie et de l'extrême droite au domicile de Thierry Solère, ex-député et ancien conseiller d'Emmanuel Macron.
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Édouard Philippe, candidat potentiel comme Marine Le Pen pour la présidentielle de 2027, a reconnu mardi sur TF1 avoir participé en décembre dernier à l'un de ces rendez-vous parisiens avec la cheffe de file des députés du Rassemblement national.
"Oui, c'est vrai. Nous avons dîné, parce qu'on se connaît peu, on a dîné, on a constaté à l'occasion du dîner qui était un dîner cordial que nous avions des désaccords très profonds sur de très nombreux sujets", a indiqué le président du parti Horizons, membre de la majorité sortante. "Je dîne avec toute une série de gens, c'est tout à fait normal", a pour sa part balayé Marine Le Pen mercredi.
Bergé et Darmanin auraient décliné
"Ce n'est pas anodin", a commenté sur Radio J le député de Paris Sylvain Maillard, ancien chef de file des députés Renaissance, quand les ministres Aurore Bergé et Gérald Darmanin ont fait savoir qu'ils auraient décliné l'invitation.
"Je n'y serais pas allée si j'avais été invitée", a fait savoir la première sur France 2. "Édouard Philippe dîne avec qui il souhaite, moi je n'aurais pas dîné avec Marine Le Pen", a également répondu le ministre de l'Intérieur.
Au contraire, pour le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, numéro 2 du parti Horizons d'Edouard Philippe, "il n'est jamais inutile de savoir qui sont vos adversaires politiques". "Est-ce que, depuis ce fameux dîner dont on essaie de faire un scoop, il y a eu, de la part d'Édouard Philippe, la moindre évolution sur sa ligne, la moindre complaisance, la moindre compromission ?", s'est-il interrogé sur Sud Radio.
"Dans une démocratie, on dîne avec qui on veut", estime le vice-président du RN
Selon Christophe Béchu, l'ancien Premier ministre, partisan du "ni-RN, ni-LFI", "est un de ceux qui, aussi bien pendant les élections européennes que pendant ces élections législatives, a tapé avec le plus de force et le plus de constance contre la menace de voir arriver le Rassemblement national aux responsabilités".
"Je déteste le flicage. Dans une démocratie, on dîne avec qui on veut", a estimé de son côté Sébastien Chenu, vice-président du RN, sur RTL. Interrogé par ailleurs sur le front républicain contre l'extrême droite, il a rétorqué : "Quand Édouard Philippe dîne avec Marine Le Pen, je n'ai pas le sentiment que nous sommes des pestiférés".